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Librairies, parfumeries, coiffeurs, instituts de beauté, magasins d’habillement ou d’ameublement : la plupart des commerces de proximité ont de nouveau fermé leurs portes jeudi 29 octobre 2020. Pour autant, leurs produits restaient disponibles en grande surface. Une situation qui a attisé la colère des commerçants à l’arrêt, qui dénonçaient, en plus d’une fermeture injuste, une distorsion de concurrence insupportable.

Parmi les catégories controversées, les cosmétiques ont donné lieu à un véritable bras de fer avec la grande distribution, bien décidée à défendre son rayon parfumerie, hygiène et beauté. Les cosmétiques sont-ils des « produits essentiels » ? Sommé de trancher, le gouvernement vient de publier un décret pour clarifier la situation. Les grandes surfaces généralistes disposent d’une journée pour se mettre en conformité, le mercredi 4 novembre.

Rien n’était prévu au (re)confinement

Retour en arrière. Lors du premier confinement en mars, les grandes surfaces avaient continué de vendre l’ensemble de leurs produits sans provoquer de débat médiatique. Une raison qui explique sans doute pourquoi le premier décret paru à l’annonce du (re)confinement, le 29 octobre, ne prévoyait aucune disposition sur ce sujet. Pour éteindre une grogne générale qu’il n’avait pas anticipée, le Premier Ministre précisait sur TF1, dès le 1 er novembre, qu’à partir du 4 novembre, « tous les produits qui ne peuvent pas être vendus dans les commerces de proximité (…) ne pourront pas non plus être en vente dans les grandes surfaces ».

Exit, donc, les produits de beauté ? Très vite, la règle simple définie par Jean Castex s’est heurtée à la réalité : comment séparer le « superflu » – dont les Français sont désormais priés de se passer – de ce qui relève de l’essentiel au quotidien – l’hygiène, le soin de la peau ?… Interviewé sur la question, le Ministre délégué aux PME Alain Griset expliquait lundi 2 novembre, au sujet du maquillage, que « Même s’il peut être important, ce n’est pas un produit de première nécessité ». Plus de maquillage, donc, dans les rayons. Mais quid du reste ?

La grande distribution à l’offensive sur l’hygiène beauté parfumerie

Montant au créneau, les grandes surfaces ont aussitôt fait valoir leurs arguments pour maintenir leur rayon parfumerie, hygiène et beauté. On a ainsi entendu qu’il était matériellement impossible de trier les linéaires. Que les produits vendus dans les grandes surfaces étaient très différents de ceux proposés en parfumerie sélective et qu’il n’y avait « pas réellement concurrence ». Que les produits d’hygiène beauté correspondaient à des besoins de première nécessité et que leur interdiction pénaliserait les Français les plus modestes. Enfin, la Fédération du Commerce et de la distribution a défendu qu’il serait absurde, du strict point de vue de l’équité, d’interdire la vente de produits par ailleurs autorisés en parapharmacie.

Les cosmétiques destinés « à l’hygiène et la toilette » autorisés à la vente

Finalement, le gouvernement a tranché en publiant, dès mardi 3 novembre, un nouveau décret qui précise la liste de tous les produits qui resteront en vente durant le confinement. Concernant le sujet controversé des cosmétiques, seule sera autorisée « la vente de produits de toilette (et) d’hygiène ». Une disposition qui exclut le maquillage et le vernis à ongles des rayons des grandes surfaces, mais laisse toutefois une marge d’interprétation. Si un démaquillant ou un gel douche entrent sans ambiguïté dans la catégorie des produits « de toilette », qu’en est-il d’une crème visage, d’un soin des mains ou d’un lait corps utilisés quotidiennement ? Un masque purifiant à l’argile peut-il être considéré comme un produit d’hygiène ? On touche là aux limites d’une norme difficile à appliquer – et à contrôler – sur le terrain. « C’est Kafka au supermarché » commente à l’Express Thierry Mandon, ex-secrétaire d’état à la réforme de l’état. Seule consolation pour les instituts de beauté fermés en cette période proche des fêtes : les coffrets cadeaux de type « cosmétiques » et la parfumerie, qui pourraient capter les achats de Noël, sont de fait exclus de la vente.

Un débat éloigné des préoccupations des professionnels de l’esthétique ?

Les esthéticiennes doivent-elles vraiment craindre que les clientes se convertissent massivement aux produits de beauté vendus par les grandes surfaces ? Elles n’ont pas besoin du confinement pour savoir que ces produits existent. Pour Monique Amoros, co-présidente de la CNAIB, le véritable enjeu, pour la profession, est plutôt de hâter la date effective de la reprise à l’approche des fêtes.  » Tout indique que les instituts sont en mesure de poursuivre leur activité tout en contribuant à limiter la propagation de l’épidémie. Notre principal objectif est donc de mettre en œuvre une réouverture, la plus rapprochée possible, dans le strict respect du guide sanitaire et des fiches métiers. » a-t-elle déclaré à Profession Bien Etre, indiquant qu’une réunion sur le sujet doit avoir lieu mercredi 4 novembre avec Alain Griset, Ministre délégué aux PME.

(Re)confinement : un nouveau coup dur pour la profession, à l’approche des fêtes. Dans cette période anxiogène, estheticienne.pro vous accompagnera jusqu’à la reprise en décortiquant l’actualité du secteur esthétique au jour le jour. Infos, conseils, analyses… Retrouvez-nous sur le site et partagez votre expérience ou vos interrogations dans le groupe d’entraide de la page.
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