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Maquillage permanent : après la grande révolution technique des années 2010, la profession doit revenir aux fondamentaux et créer des normes de qualité !

Foisonnement d’innovations, demande en forte croissance : depuis une décennie, le marché du maquillage permanent connait un véritable âge d’or. Pour autant, la profession reste le parent pauvre de la formation esthétique. En 2022, il n’existe toujours aucun diplôme national, CQP ou certification pour devenir dermographe, déplore Béatrice Du Montbrun, fondatrice de l’Académie Biotek France. L’occasion de dresser un bilan sur un métier en plein essor, et de donner quelques conseils aux professionnels qui souhaitent se former. Interview.

Depuis dix ans, le marché du maquillage permanent connait une forte croissance. Quelles sont les raisons d’un tel engouement du public ?

On peut l’attribuer à plusieurs phénomènes.

Tout d’abord, un grand bond en avant technologique. A partir des années 2010, les fournisseurs ont sorti des appareils plus précis, des aiguilles plus fines, des pigments plus performants.

Grâce à ces avancées, on a pu réaliser des tracés ultra fins. On a également découvert les dégradés, les effets ombrés ou floutés. Ces procédés innovants ont attiré une nouvelle clientèle, qui souhaitait un maquillage permanent plus naturel.

Ils ont également révolutionné la correction esthétique, avec des résultats incroyablement réalistes sur les aréoles mammaires, les cicatrices, les vergetures et la calvitie (trichopigmentation). De nouveaux segments de marchés se sont donc développés.

Enfin, il y a eu l’effet d’entrainement lié aux réseaux sociaux, qui sont devenus populaires à partir de 2010. Les photos de transformation avant-après ont permis de diffuser toutes les innovations auprès du grand public. L’image de la profession s’est modernisée.

L’arrivée du microblading a -t-elle stimulé le marché ?

Bien sûr ! De nombreuses clientes ont commencé avec le microblading avant d’évoluer vers d’autres prestations.

A cette époque, beaucoup de femmes avaient encore de l’appréhension envers le maquillage permanent. Présenté comme une technique réversible, avec une tenue de 6 à 9 mois, le microblading a séduit d’emblée – D’autant que les tarifs, en moyenne 30 % moins chers que la pigmentation machine, ont créé un effet d’aubaine. La clientèle s’est élargie, attirant notamment un public plus jeune…

Comment la pratique professionnelle a-t-elle évolué ?

Il y a quinze ans, le maquillage permanent était une spécialisation à part entière. Les instituts de beauté sous-traitaient ces prestations à des free-lances indépendantes.

Dans une ville comme Montpellier, nous étions à peine une demi-douzaine à pratiquer. La croissance de la demande a changé la donne.

La pigmentation offre des marges parmi les plus rémunératrices du secteur esthétique, et les retouches d’entretien fidélisent la clientèle. Certaines esthéticiennes ont compris l’intérêt de se former ; d’autres s’y sont mises par crainte de voir leur clientèle partir vers d’autres instituts.

Parallèlement, le nombre de free-lances a également explosé.

Le microblading a levé un frein important en supprimant l’obligation d’investir dans un appareil. De nombreux indépendants ont saisi cette opportunité de se lancer ou d’élargir leurs activités.

Aujourd’hui, vous constatez certaines dérives. Est-on passé du succès à l’excès ?

La pigmentation esthétique doit aujourd’hui affronter les dérives de tout marché de masse, avec certains professionnels auto proclamés qui manquent d’expérience et de compétences.

Dans notre centre de pigmentation à Saint Jean de Védas, nous recevons des demandes croissantes de personnes s’estimant victimes de prestations ratées.

Nous observons aussi des dommages plus ou moins réversibles liés à des prestations inadaptées et répétés : marques cutanées, cicatrices chéloïdes…

Enfin, nos formations attirent de plus en plus de professionnels en exercice qui souhaitent revoir les fondamentaux.

A se concentrer sur les dernières tendances à succès, on a oublié que la pigmentation ne se limite pas au geste technique de déposer un pigment, mais exige avant tout de solides compétences sur la peau.

En quoi une connaissance fine de la peau est-elle un prérequis obligatoire, à vos yeux, pour devenir dermographe ?

Une effraction cutanée n’est pas anodine – y compris, et même surtout lorsqu’on parle de pigmentation manuelle.

Selon que la peau est sèche ou grasse, fine ou épaisse, jeune ou mature, le résultat final sera différent. Et certaines personnes doivent être piquées avec d’infinies précautions afin de prévenir d’éventuels dommages.

Par exemple, les lames en U utilisées pour le Microshading, avec un effet de va et vient, provoquent une effraction linéaire beaucoup plus franche que l’aiguille à pointe fine d’un appareil qui s’introduit verticalement. Cette technique est totalement contre-indiquée pour certaines peaux !

Existe-t-il un problème de réglementation dans le maquillage permanent ?

La pratique du maquillage permanent est toujours assimilée aux métiers du tatouage. La profession n’est donc pas réglementée. Pour s’immatriculer, l’unique obligation est de présenter un certificat de formation « hygiène et salubrité » qui s’obtient en trois jours…

On assiste donc à un paradoxe : aujourd’hui, on peut tatouer les lèvres et les sourcils sans justifier d’un niveau de compétences, alors qu’il faut un CAP pour épiler ou couper les cheveux !

Pourtant, lorsqu’une épilation est mal faite, la cliente n’est mécontente qu’une ou deux semaines de sa repousse. Une coupe de cheveux ratée s’oublie en quelques semaines, et il y a généralement moyen de rattraper. Il n’en va pas de même pour le maquillage permanent, dont les conséquences esthétiques ou les éventuels dommages peuvent se mesurer en mois, voire en années !

Après la grande révolution technique des années 2010, il est temps de créer des normes de qualité pour la profession. Ou, pourquoi pas, un programme de formation comprenant un niveau minimum de fondamentaux à valider pour s’installer, comme une certification, un CQP…

A la tête de l’Académie Biotek, que conseillez-vous aux professionnels qui envisagent de se former au maquillage permanent ?

Tout d’abord, s’adresser à un centre de formation spécialisé, qui sera à la pointe du savoir-faire en pigmentation esthétique.

Deuxièmement, se renseigner sur l’ancienneté des formatrices, le nombre d’élèves par cours, les possibilités d’évolution ultérieures.

Troisièmement, ne pas se ruer sur la dernière technique avec un nom à la mode, mais s’assurer d’acquérir les bases du métier : le dessin, la colorimétrie et la connaissance de la peau.

Quatrièmement, apprendre à piquer avec des pigments de qualité et des appareils de dernière génération.

A l’Académie Biotek, les sessions sont assurées en petits groupes. Les formatrices ont des années de pratique professionnelle en clientèle et continuent à perfectionner régulièrement leur art au siège international de la marque.

Nous enseignons toutes les techniques du maquillage permanent et toutes les techniques réparatrices (aréoles, trichopigmentation etc). Nous pouvons ainsi offrir un parcours allant de l’initiation au perfectionnement, sur différentes spécialisations qui permettent de se différencier.

Enfin, nous utilisons des appareils à la pointe de la technologie et sommes fabricants de pigments d’excellente qualité, fabriqués en Italie, dont la tenue sera parfaite dans le temps.

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