tatouage

Le tatouage est devenu un phénomène de masse. De contre-culture, il est devenu un ornement qu’hommes et femmes n’hésitent plus à arborer sur des parties très visibles du corps – cou, décolleté, bras, haut du dos etc. Deux enquêtes menées par IPSOS montrent que la proportion de personnes tatouées est passée de 10%, en 2010, à presque 15 % aujourd’hui. Et dans la tranche d’âge comprise entre 25 et 45 ans, qui correspond à l’essentiel des clientes d’un institut de beauté, plus d’une personne sur cinq est tatouée. Ces clientes qui sont tatouées- ou envisagent de le faire – se tournent souvent vers leur esthéticienne en quête de conseils et d’informations. Elles s’interrogent aussi sur la différence entre les prestations pratiquées par les tatoueurs et le maquillage permanent proposé à l’institut. Et quand elles ont besoin de camoufler leur tatouage pour une occasion ou cherchent le moyen de l’enlever, c’est encore vers les professionnelles de l’esthétique qu’elle se tournent. Voici cinq questions fréquentes sur le tatouage que posent les clientes à l’institut.

Quelles sont les différences entre tatouage et maquillage permanent ?

Ces deux techniques partagent un point commun : elles consistent, dans les deux cas, à déposer un pigment sous la peau à l’aide d’une aiguille mue par un appareil électrique. Mais toute similitude s’arrête là. Tatouage et maquillage permanent présentent, en particulier, deux différences majeures :

  • la durée de vie du dessin
  • l’objectif esthétique recherché

Première différence essentielle : les pigments utilisés pour le maquillage permanent sont bio-résorbables, contrairement aux encres des tatoueurs. Cette opposition tient à la composition des produits comme aux techniques de pigmentation qui sont différentes. Par conséquent, un tatouage est définitif; alors qu’un maquillage « permanent », malgré son nom, s’efface généralement en moins de cinq ans (si vous vous demandez pourquoi, le sujet est abordé en détails dans la question suivante).

Seconde différence notoire entre tatouage et maquillage permanent : les deux techniques ne visent pas le même objectif esthétique. Le maquillage permanent est une technique d’embellissement et de correction. Elle vise à combler, reprendre, souligner ou au contraire escamoter un trait naturel. Le tatouage, lui, est purement décoratif. Il peut prendre différentes formes : œuvre picturale (figurative ou abstraite), message écrit, pictogramme. Il signe parfois une opinion, une croyance, une marque d’appartenance à un groupe. Mais dans tous les cas, il est destiné à être vu. A l’opposé, la tendance actuelle concernant le maquillage permanent est plutôt de passer le plus inaperçu possible. Pour Anna Ferrario, créatrice d’Anna Dermo et spécialiste du maquillage permanent, les trois qualités d’une pigmentation esthétique réussie sont « Naturel, discrétion et hyper réalisme ». Un résultat rendu possible par l’arrivée sur le marché de pigments très stables, d’avancées en matière de colorimétrie, et de nouvelles techniques comme le « point à point » permettant un tracé ultra fin.

Pourquoi un tatouage dure-t-il à vie, et pas un maquillage permanent ?

Tout le monde sait que la peau se renouvelle constamment. Parmi les cinq questions fréquentes sur le tatouage que posent les clientes à l’institut, la durabilité du tatouage intrigue. Elle est liée à plusieurs facteurs. D’une part, la composition des pigments. D’autre part, la profondeur de l’effraction cutanée. Concernant les produits, les dermographes comme les tatoueurs utilisent des pigments minéraux ou organiques de synthèse. Mais l’encre des tatoueurs contient, en plus, des adjuvants qui vont fixer définitivement ces pigments. En outre, les tatoueurs piquent dans le derme profond, à un endroit où il y a peu de renouvellement cellulaire. En effet, à ce niveau, la peau est essentiellement composé de tissu extra-cellulaire. Autrement dit, on ne tatoue pas des cellules (susceptibles de mourir et de disparaitre) mais des tissus inertes; c’est pourquoi un tatouage est indélébile. Pour autant, il finit par vieillir, alors que se passe t-il ? En fait, les particules très fines de pigments sont considérées comme des corps étrangers par notre système de défense immunitaire, qui n’a de cesse de les éliminer. Au fil du temps, le motif du tatouage va donc se flouter et les couleurs perdre en vivacité. En comparaison, une esthéticienne dermographe travaille bien plus près de la surface de la peau, à la frontière du derme et de l’épiderme. Dans cette zone, le tissu cellulaire est compact et se renouvelle régulièrement. Par conséquent, le maquillage permanent disparait naturellement en deux à cinq ans (c’est pourquoi les tatoueurs ne parlent pas de « dermopigmentation » mais utilisent souvent le terme « tatouage semi-permanent » pour évoquer les prestations réalisées en institut de beauté) .

Y a-t-il une routine beauté spéciale quand on est tatouée ?

Quelle routine beauté conseiller à vos clientes tatouées ? En fait, un gommage régulier (léger !) et une bonne hydratation quotidienne suffisent pour entretenir la beauté d’un tatouage. Le point le plus important consiste surtout à se protéger du soleil en toutes circonstances. En effet, le processus d’élimination du pigment s’accélère de façon spectaculaire sous l’action du soleil, même voilé… La protection est donc de rigueur. Au mieux par un vêtement. Sinon en utilisant systématiquement une crème écran total (ou Spf 50).

Cette précaution dépasse le cadre esthétique. La survenance d’une allergie, qui est la complication la plus fréquente après un tatouage, survient parfois à la suite d’une exposition solaire. En effet, les pigments réagissent aux rayons du soleil et subissent une transformation chimique qui les rend irritants. Ces réactions sont imprévisibles et peuvent survenir des années après le tatouage.

Comment camoufler un tatouage ?

Environ une personne sur trois regrette son tatouage

Les raisons de regretter un tatouage sont multiples : simple lassitude de porter le même motif, dessin jugé plus ou moins réussi, encre qui a mal vieilli… Après plusieurs années, il arrive aussi que le tatouage soit passé de mode ou que les goûts de la personne tatouée aient changé. Pire, le tatouage peut en arriver à souligner des défauts corporels apparus avec le temps (relâchement cutané, prise de poids…), ce qui peut générer de véritables complexes chez la personne tatouée. Aussi, l’une des questions que rencontrent fréquemment les esthéticiennes concerne le moyen de dissimuler un tatouage. A l’heure actuelle, la seule technique radicale est le laser – long, cher douloureux et… incertain. Il faut compter une dizaine de séances chez un dermatologue spécialisé, sans garantie d’effacer totalement toute trace (selon leur composition, certaines encres tenaces peuvent virer et laisser une ombre décolorée peu esthétique…).

Camoufler un tatouage sans laser

Pour les clientes qui souhaitaient camoufler leur tatouage, il n’existait jusqu’ici aucun produit réellement fiable. Pour une occasion très ponctuelle, l’esthéticienne ne pouvait que conseiller d’utiliser un fond de teint – avec les contraintes et limites que comportent des produits de maquillage. Signalons que la marque Maqpro a sorti, en juin 2018, une nouveauté révolutionnaire :  le « Creamy » 100% couvrant, destiné spécifiquement au recouvrement des tatouages et zones dépigmentées. Ce produit professionnel, revendu en institut, permet de dissimuler totalement un tatouage dont on aimerait se passer le temps d’un mariage, d’un entretien d’embauche, d’une soirée habillée, ou même au quotidien. Aussi facile à utiliser qu’un fond de teint, il se transforme en une véritable seconde peau étanche en séchant. Dès lors, il reste en place 48 heures en résistant à la transpiration, aux frottements et même à l’eau. Il permet donc de porter une robe de mariée ou une chemise blanche sans risque de tâche, de s’adonner à tous les sports, ou d’aller à la plage. En effet, sa tenue reste irréprochable, même après une baignade ou une douche.

Qu’en est-il des risques ?

Ce tour d’horizon des cinq questions fréquentes sur le tatouage que posent les clientes à l’institut se termine sur la question toujours épineuse des risques encourus.

La sécurité

Aucun diplôme n’est obligatoire pour exercer la profession de tatoueur (c’est d’ailleurs la même chose pour les dermographes, qui n’ont pas l’obligation d’être esthéticiennes). Cependant, la pratique de la pigmentation requiert une formation de cinq jours sur les pratiques liées à l’hygiène, garantissant la sécurité des prestations. Aujourd’hui, les studios ayant pignon sur rue sont donc réputés respecter ces précautions, qui garantissent contre les risques d’infection et de transmission virale.

La santé

Aucun produit de pigmentation n’est naturel : ce sont aujourd’hui des produits de synthèse issus de l’industrie. Ces formulations comprennent de nombreux composants (outre les pigments) qui peuvent potentiellement présenter des risques pour la santé. C’est pourquoi la législation, tant Européenne que Française, est assez restrictive quant à la composition des encres de tatouage. Il appartient à vos clientes de s’informer sur l’origine des encres utilisées, sachant que de nombreux produits viennent de pays où il n’existe aucune réglementation fiable.

Différents articles polémiques s’interrogent également sur les effets à long terme d’encres qui demeurent à vie dans l’organisme. Ainsi, une étude médicale parue en 2017 prouve que des nano particules issues de produits de tatouage migrent du derme dans les ganglions. Cependant, aucun lien de cause à effet n’a été démontré à ce jour entre la présence de ces particules et des conséquences indésirables sur la santé.

Aujourd’hui, le risque majeur après un tatouage est le déclenchement de réactions difficiles à prévoir et à traiter. « De 6 % à 10 % des personnes tatouées rencontrent des difficultés », constate le dermatologue Nicolas Kluger, qui a ouvert à l’hôpital Bichat de Paris la première consultation consacrée aux complications découlant des tatouages. Parmi les problèmes les plus fréquents, les infections, qui surviennent le plus souvent dans la foulée de l’intervention, et, surtout, les allergies. Celles-ci peuvent se déclencher immédiatement, mais parfois des dizaines d’années plus tard. En tête des couleurs les plus allergisantes, le rouge. La peau va alors gonfler, gratter, se boursoufler, devenir purulente…

Conclusion

Tatoueurs et instituts de beauté appartiennent traditionnellement à deux mondes séparés. Pourtant, les professionnelles de l’esthétique, à l’avant-poste du conseil beauté, sont souvent amenées à discuter tatouage avec les clientes. Se tatouer est un engagement qu’on ne peut prendre à la légère. Si cette décision reste un choix personnel, l’esthéticienne peut déconseiller de tatouer certaines zones plus sensibles au relâchement ou aux rides en s’appuyant sur son expertise de l’anatomie cutanée. Elle peut aussi inciter ses clientes à porter des tatouages temporaires qu’elles pourront renouveler au gré de leurs humeurs, et même, pourquoi pas, en proposer à l’institut !  Un tatouage éphémère dure jusqu’à 2 semaines et il ne comprend aucun risque pour la santé. C’est un bon moyen de vérifier sa motivation avant d’envisager un tatouage, qui lui, restera à vie.

 

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter estheticienne.pro

L'information professionnelle décryptée chaque semaine.