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Coronavirus et perte d’exploitation : que faire ? La troisième fermeture des commerces « non essentiels » soulève des inquiétudes parmi les indépendant(e)s de l’esthétique. Gérantes d’instituts, centres de minceur et spas, prothésistes ongulaires, professionnel(le)s à domicile en auto entrepreneurs : toute la filière de la beauté et du soin est impactée de plein fouet au moment même où démarre la saison. Dans les têtes, une seule question : comment faire face aux prochaines échéances de prêt et aux dépenses courantes alors que le chiffre d’affaires ne rentre plus ?

Faire un prévisionnel de trésorerie

Face aux problèmes de trésorerie qui vont découler de ce nouveau confinement, une seule certitude : mieux vaut anticiper. Ne pas prévoir de plan B n’empêche pas les problèmes d’arriver mais vous accule au contraire à plus ou moins brève échéance. Ainsi, la première bonne décision de gestion à prendre est d’établir un prévisionnel de trésorerie pour votre activité sur les prochains mois. Pour cela, nul besoin d’être un as de la comptabilité. Un tableau à deux colonnes (une pour les entrées, une pour les sorties) suffit. L’objectif : connaitre votre besoin de trésorerie à court terme et pouvoir demander de l’aide avant que votre entreprise ne soit en cessation de paiement.

Petit pense-bête des dépenses à lister :

  • salaires
  • charges sociales
  • loyer du local
  • charges locatives
  • prélèvements divers (assurances, expert comptable, frais bancaires etc.)
  • électricité, eau, télécom
  • factures fournisseurs arrivant à échéance
  • abonnements divers (appareil CB, logiciel de caisse etc)
  • remboursements d’emprunt
  • prélèvement d’impôts et acomptes d’IS pour les sociétés
  • cotisations à l’URSSAF des indépendants

Maintenant que vous avez un montant global de dépenses à payer,  quelles sont les solutions si vous êtes à court de trésorerie ? Votre marge de manœuvre comprend 4 options :

  • alléger vos sorties de trésorerie à court terme
  • négocier des échelonnements ou reports de paiement
  • obtenir une ligne de crédit ou de découvert
  • solliciter une aide

Vous n’êtes pas seul(e) à vivre cette situation et heureusement, plusieurs mesures exceptionnelles visant à empêcher les défaillances d’entreprises sont à votre disposition.

Alléger vos sorties de trésorerie à court terme

Vous disposez de plusieurs leviers pour alléger vos sorties de trésorerie à court terme.

Différer vos charges et impôts à payer

Depuis mars, vous pouvez de nouveau bloquer le paiement de vos charges.

Que vous soyez employeur, indépendant(e) TNS sans salariée ou auto entrepreneur, l’URSSAF des Indépendants vous permet de différer le paiement de vos charges sans pénalités de retard. Il en va de même pour les acomptes d’impôts sur les sociétés, qui peuvent être décalés ou même faire l’objet d’une remise gracieuse sur demande motivée.

Comment faire pour différer mes charges si je suis en auto-entreprise ? Connectez-vous à votre compte en ligne, sélectionnez « messagerie », « nouveau message », « gestion de mon auto-entreprise », « je rencontre des difficultés de paiement ».

Utiliser le chômage partiel

Les salaires chargés représentent en moyenne plus de la moitié des dépenses de trésorerie mensuelles d’un institut qui emploient des salarié(e)s. Non, le chômage technique n’est pas réservé aux grandes entreprises. Le chômage technique (ou chômage partiel) est une solution que vous pouvez mettre en place en quelques clics et qui s’applique désormais en quelques jours.

L’avantage est triple :

  • les salarié(e)s et apprenti(e)s continuent de percevoir une indemnité à hauteur du SMIC (ou 84 % de leur salaire net s’il supérieur au SMIC)
  • L’institut reçoit une aide à hauteur de 100% de ce qui est versé au salarié
  • L’indemnité n’est pas considérée comme un salaire par l’URSSAF et l’institut est donc dispensé de régler des charges sociales (hormis la CSG et la CRDS obligatoires)

Concrètement, les chefs d’entreprises devront avancer les salaires à verser chaque mois, puis se faire rembourser après avoir effectué leur déclaration mensuelle.

En savoir plus : pour connaitre les modalités pratiques, vous pouvez lire l’article consacré au sujet sur le site (ici).

Suspendre les charges courantes

Autre poste de dépense obligatoire et souvent conséquent pour les professionnels de l’esthétique : le loyer. Or, ne pas payer le loyer d’un local commercial expose à des poursuites qui peuvent rapidement amener une petite entreprise au dépôt de bilan, ou la condamner à la résolution du bail. C’est pourquoi le gouvernement a décidé de suspendre le paiement des loyers durant la période de fermeture administrative, de même que le paiement des factures d’eau et d’énergie, pour les entreprises rencontrant des difficultés.

Qui pouvez-vous contacter ? Le médiateur des entreprises

Négocier des échelonnements

Auprès des fournisseurs

Face à la situation exceptionnelle qui vous prive de chiffre d’affaires, certains instituts qui paient à 30 jours par LCR risquent d’être en difficulté pour régler leurs factures fournisseurs à échéance. Dans ce cas, se rapprocher de votre fournisseur pour négocier un report à l’amiable est la meilleure solution. En cas de difficulté, l’institut peut saisir le médiateur des entreprises qui prendra contact en 48 H.

Auprès de la banque

La perte d’exploitation liée au Coronavirus inquiète à juste titre les professionnel(le)s de l’esthétique qui ont contracté des emprunts bancaires, en particulier celles qui viennent de s’installer récemment. Vous craignez de ne pas pouvoir faire face à vos prochaines échéances ? Vous pouvez demander un plan d’étalement de vos échéances, avec l’appui de l’état et de la Banque de France (médiation du crédit).

Qui pouvez-vous contacter ? Dans chaque région, la DIRECCTE vous propose un correspondant qui peut vous vous accompagner dans vos démarches. Accédez ici à la page « entreprise » de la Banque de France et téléchargez l’article d’actualité consacré.

Solliciter un prêt ou décaler votre PGE

Pour éviter des faillites en chaîne dues à un défaut de trésorerie, BPI FRANCE se porte garant à hauteur de 90 % pour les prêts de trésorerie dont vous pourriez avoir besoin pour traverser cette période difficile. Ainsi, vous pouvez solliciter jusqu’en fin 2021 un prêt allant jusqu’à 7 ans sans garantie, avec différé de remboursement du capital, ou un simple découvert temporaire. Le dossier se fait auprès de votre banque habituelle, sachant que BPI FRANCE s’est donné 5 jours ouvrés pour répondre aux demandes. Attention, toutefois : contrairement aux annonces media qui laissent croire que toutes les entreprises ont accès à ce dispositif sans condition, l’octroi d’un prêt reste soumis à l’acceptation préalable de votre banque… En d’autres termes, il faut vous attendre à défendre votre dossier, pièces comptables à la main, comme pour un prêt « classique ».  Et peut être vous voir refuser le prêt si la solvabilité de votre entreprise (avant la crise sanitaire) était déjà en mauvaise santé.

A qui s’adresser ? BPI FRANCE a mis en place un numéro vert (0 969 370 240) pour répondre à vos questions et vous orienter vers des directions régionales.

Pour les instituts qui ont déjà contracté un PGE en 2020, quelle solution ? S’il n’est pas possible de redemander un nouveau PGE, il vous reste tout de même l’option de décaler vos premiers remboursements à 2022. Cette décision est à notifier à votre banque, deux à quatre mois avant votre première échéance.

Bon à savoir : Le Ministre de l’économie vient d’annoncer un possible effacement d’une partie des dettes des entreprises les plus touchées « au cas par cas ». Une mesure qui doit être précisée dans les semaines à venir.

Demander le fond de solidarité

Le fond de solidarité, qui devait disparaitre en début d’année, a en fait été renforcé pour pallier les nouvelles restrictions décidées en mars et avril 2021. Cette mesure d’aide concerne tous les professionnels de l’esthétique frappés d’interdiction d’exercer, quel que soit leur statut, sous réserve d’avoir enregistré une baisse de chiffre d’affaires d’au moins 20 % par rapport à mars 2019 (ou par rapport au CA moyen de 2019).

  • La subvention s’élève à 1500 euros si la baisse de chiffre d’affaires est comprise entre 20 % et 50% par rapport à mars 2019 (ou par rapport au CA moyen de 2019)
  • La subvention peut aller jusqu’à 10 000 euros si la baisse de chiffre d’affaires est de 50% et plus par rapport à mars 2019 (ou par rapport au CA moyen de 2019)

A qui s’adresser : une déclaration mensuelle en ligne doit être faite (www.impots.gouv.fr via votre compte fiscal personnel) à partir du 22 avril 2021 (pour le mois de mars).

Bon à savoir : Si votre institut emploie au moins un(e) salarié(e) et se trouve en cessation de paiement, vous pouvez également solliciter le fonds de solidarité pour constituer un dossier d’aide plus conséquent (étude au cas par cas).

Solliciter l’aide sociale

Pour pallier les situations de perte de revenus, vous pouvez constituer un dossier pour demander l’aide financière exceptionnelle à l’ASS (Action Sanitaire et Social) des indépendants. Ce fonds intervient pour soutenir tous les indépendants, y compris si vous êtes auto-entrepreneur. Attention toutefois, les aides sont attribuées par une commission qui étudie votre dossier personnel : il ne s’agit PAS d’un droit automatique ! Aussi, il est conseillé de mettre toutes les chances de votre côté en remplissant avec attention le dossier et en joignant un courrier expliquant votre situation professionnelle et personnelle (les deux critères sont pris en compte), sans oublier les justificatifs prouvant que votre activité, notamment si vous avez peu d’antériorité dans votre activité (par exemple : votre agenda en ligne avec les rendez-vous annulés).

Comment demander l’aide sociale ? Sur le site Sécurité Sociale des Indépendants, sélectionnez « action sociale » puis « demander une aide » puis « aide financière exceptionnelle ».

Vous rapprocher de toutes les structures locales

Depuis le début de la crise sanitaire, les annonces de soutien aux petites entreprises se multiplient aussi à l’échelon local. Au fil des jours, les Chambres des Métiers, Chambres de commerce, Régions, Communes mêmes, s’engagent pour tenter de sauver le tissu économique et l’emploi sur leurs territoires. Bonne nouvelle : toutes ces aides sont cumulables. Cependant, les petites entreprises sont confrontées à une double difficulté. D’une part, ces aides sont éparpillées, d’autre part, pour en profiter, encore faut-il les solliciter… ce qui suppose de les connaitre. Or, la plupart de ces mesures sont bien moins médiatisées que le Fonds de solidarité national.

Il est donc conseillé de vous rapprocher de la Chambre des Métiers dont vous dépendez pour connaitre les dispositifs d’aides spécifiques qui se mettent en place au niveau de votre région. Par ailleurs, la situation étant encore évolutive, il peut être utile de consulter de temps en temps les sites de votre région / département / Commune.

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