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Loyers, salaires, énergie, produits : la plupart des charges d’exploitation pesant sur les professionnels de l’esthétique ont augmenté de manière significative depuis le début de la crise sanitaire. Or, la plupart des établissements n’ont pas encore répercuté cette hausse.

Faut-il augmenter les prix des prestations esthétiques en 2022 ?

Boostée par la reprise d’activité post-covid, l’inflation vient de battre un record historique en 2021 dans la plupart des pays. En France, les prix ont grimpé de + 2.8 % en moyenne sur un an : du jamais vu depuis 25 ans ! D’abord attribué à une reprise post covid vigoureuse, la tension sur les prix a trouvé une nouvelle cause dans la guerre qui s’est déclenchée en Ukraine, repoussant le retour à la normale escompté en 2022. Dans les instituts et spas, les principales dépenses de fonctionnement sont affectées.

Flambée de l’énergie

+35 %. C’est l’évolution du tarif de l’électricité qu’EDF avait prévu d’appliquer au 1 er février 2022. Cette hausse vient finalement d’être plafonnée à + 4 % par le gouvernement – ce qui reste tout de même un pic sans précédent.

Baux commerciaux : des loyers à la hausse

Malgré les confinements et le repli général du commerce, la crise sanitaire n’a pas stoppé la progression des loyers. En effet, l’indice des loyers commerciaux (ILC), qui figure dans la plupart des contrats de location, est en partie basée sur l’inflation. En ce début 2022, les loyers commerciaux augmentent donc mécaniquement de + 2.6 %.

Des salaires revalorisés

L’inflation nourrit les revendications sociales. Dans le secteur de l’esthétique, une revalorisation prochaine de la grille des salaires est prévue. Alors que la branche est en phase finale de négociation, la CNAIB a d’ores et déjà publié un barème des « salaires conseillés » qui anticipe les hausses à venir. Déjà revalorisé deux fois en trois mois (+ 2.2% en octobre 2021, +0.9% en janvier 2022), le smic devrait connaitre une nouvelle hausse estimée à 2.5% en mai.

Dans les instituts de beauté et spa employant du personnel, un poste équivalent à la moitié des charges courantes sera donc affecté avant la fin du premier trimestre.

Des appareils esthétiques plus chers ?

En plus d’un alourdissement des charges courantes, les professionnels qui investiront en 2022 doivent aussi s’attendre à acheter plus cher les appareils esthétiques.

En effet, les distributeurs d’équipements high tech seront peu à peu contraints de répercuter le renchérissement des coûts de production et de transport subis depuis la crise sanitaire – d’autant plus qu’ils doivent également supporter d’importants frais de mise en conformité avec la nouvelle réglementation Européenne sur les matériels médicaux (DM).

Faut-il augmenter les prix des prestations esthétiques en 2022 ?

Vous l’aurez compris : d’un point de vue strictement comptable, la réponse est oui !

Depuis deux ans, les professionnelles de l’esthétique ont dû absorber de nouvelles dépenses contraintes liées aux restrictions sanitaires : achats d’équipements de protection, procédures renforcées de nettoyage, frais de redémarrage « post confinements » etc. S’y est ajoutée, en 2022, une inflation inédite sur les principales charges courantes : loyers, énergie, salaires.

Pourtant, la plupart des instituts et spas, fragilisés par une activité en « stops and go » depuis le début de la pandémie, n’ont pas répercuté ces coûts par crainte de perdre leur clientèle. Est-ce encore tenable ?

Pas très longtemps.

En effet, les marges d’exploitation pratiquées par la filière esthétique ne permettent pas d’absorber une hausse des coûts qui a dépassé 5 % depuis le début de la crise sanitaire.

Si les aides gouvernementales ont temporairement soutenu la trésorerie des professionnels de l’esthétique, la situation pourrait rapidement se dégrader en 2022 avec la fin du quoi qu’il en coûte et le remboursement des PGE.

En d’autres termes, le pécule COVID n’amortira pas éternellement un compte d’exploitation qui se déséquilibre !

Il est donc normal et sain de réajuster les cartes de soin avant la prochaine saison de forte activité.

Ce ne sera pas forcément facile, car les habitudes ont la vie dure…

Une nécessaire évolution des mentalités ?

Depuis de nombreuses années, les prestations esthétiques augmentent très peu.

Tout en déplorant de ne pas gagner leur vie correctement, la plupart des esthéticiennes pratiquent des prix dictés par le marché, davantage par mimétisme avec la concurrence qu’en fonction de leur propre structure de coût.

Mais ce statu quo, qui arrivait déjà à bout de souffle dans un contexte de salaires bas et d’inflation quasi nulle, ne pourra pas résister à l’explosion actuelle des coûts d’exploitation. Il est donc temps que la profession change de logiciel pour ne pas dégrader ses perspectives post covid.

Certes, en ce début d’année, de nombreuses professionnelles éprouveront des difficultés à assumer des augmentations de prix alors que la pandémie pèse encore sur l’activité et que les rendez-vous jouent au yoyo.

Il convient toutefois de s’y préparer pour le redémarrage attendu au printemps, à l’issue de la cinquième vague.

Car garder une gestion saine permet de rémunérer justement son travail, mais également d’assurer la survie de son entreprise à plus long terme. Comment investir et continuer de se développer sans trésorerie ? Comment motiver et faire progresser son personnel sans aucune marge de manœuvre au niveau des rémunérations ?

Alors que le début de la saison 2022 approche, il est urgent de revoir les prix !

En lien avec le sujet, n’hésitez pas à faire part de votre expérience ou à laisser un commentaire. 

 

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