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En pleine saison, les prestations s’enchainent. Tiraillements, fatigue, pieds qui chauffent, jambes lourdes : les longues journées en cabine mettent la résistance des esthéticiennes à rude épreuve ! Parmi ces troubles, fréquents en période de forte activité, le mal de dos est particulièrement handicapant mais peu évoqué parmi la profession. Pourtant, prendre conscience des causes à l’origine du mal de dos et en finir avec certaines habitudes contre productives peuvent changer votre quotidien.

Que vous soyez vous-même sujette au mal de dos ou responsable d’une équipe de salariées exposées à ce risque, voici quelques conseils pour prévenir les tensions et travailler plus efficacement.

Esthétique : une profession qui cumule tous les risques de mal de dos

Le mal de dos n’est pas spécifique aux esthéticiennes : en France, deux salariés sur trois en sont victimes. C’est même un des premiers motifs d’arrêt de travail. Pour autant, il est intéressant de savoir que seuls 15 % des patients souffrant de mal de dos sont atteints d’une pathologie (hernie, fracture, tumeur etc.). Et les autres ? L’immense majorité déplore plutôt de ce que l’on appelle des « douleurs lombaires non spécifiques », aux causes multiples, liées à une mauvaise hygiène de vie mais aussi à l’environnement.  Pour ces 85 % de patients, le facteur « stress » est souvent associé à de mauvaises habitudes et des conditions de travail défavorables.

Par la nature de leur métier, les professionnels de l’esthétique appartiennent aux professions les plus exposées à tous ces risques. Risque de mauvaises postures, d’abord : en clientèle, le métier exige de longues stations debout ou assises, avec un piétinement répétitif et une position penchée. Risque de burn out : entre chaque cliente, les temps de récupération sont rares et de nombreux gestes sollicitent le dos : nettoyage, rangement des stocks, préparation des cabines etc. Risque psychologique, enfin : la nature saisonnière de la profession impose des pics d’activité que le corps doit absorber… ainsi que le mental !

Quand les esthéticiennes en ont plein le dos

Notre corps est une merveilleuse machine conçue pour se réguler. Lorsque les voyants virent au rouge, il envoie des signaux de détresse puis se grippe, nous obligeant au repos.

L’enchainement des rendez-vous dans les fortes périodes d’activité soumet l’esthéticienne à différents stress : tenir les horaires, maintenir le haut niveau de concentration que requièrent les gestes techniques, atteindre ses objectifs de vente, absorber la charge mentale générée par la clientèle…

Si tous les métiers au contact du public occasionnent une pression, celle qui s’exerce sur les professionnels de l’esthétique dépasse la moyenne des commerces. Dans l’intimité des cabines, les âmes se mettent à nu. Pour certaines clientes, un soin chez l’esthéticienne remplace la consultation d’un psy. En période de forte activité, la charge nerveuse et émotive, cumulée avec la fatigue liée au travail, peut devenir excessive.

Maintenir la « bonne » distance avec les problèmes de la clientèle n’est pas toujours facile. Les esthéticiennes éprouvent souvent une empathie sincère envers ces femmes qui se confient à elles et considèrent que les « aider » fait partie de leur métier – sans se rendre compte que leur propre anxiété augmente au fil des rendez-vous…

Lorsque le corps dit « stop », cette accumulation peut se traduire par des blocages qui n’ont rien de problèmes fonctionnels (l’expression populaire « en avoir plein le dos » illustre bien cette situation…). Si les problèmes de dos surviennent de façon chronique sans qu’aucune pathologie ne soit associée, la piste du stress doit donc être explorée.

Apprendre à reconnaitre les alertes envoyées par son corps, savoir se recentrer et gérer le « trop plein » est une compétence essentielle pour surmonter les grosses journées en cabine. Or, contrairement aux professions de santé, aucune formation ne prépare les esthéticiennes, lors de leur apprentissage, à gérer les émotions négatives déversées par les clientes. Consulter un sophrologue peut alors aider à prendre conscience de cette charge mentale puis à apprendre quelques exercices quotidiens qui relâcheront la pression.

Le rôle méconnu du sommeil et de l’hydratation dans le mal de dos

Dormir suffisamment ne sert pas uniquement à être en forme le matin. On sait aussi désormais que certains mécanismes réparateurs essentiels à la santé ne peuvent s’effectuer que durant le sommeil. Ainsi en va-t-il, par exemple, du bon fonctionnement de notre dos.

Pour faire simple, les articulations situées entre les vertèbres baignent dans un liquide (le liquide synoval). Or, il faut dormir au moins six heures par nuit pour que les disques intervertébraux (et les muscles qui les entourent) se réhydratent suffisamment – à condition, toutefois, d’avoir absorbé au minimum 1.5 litre de liquide dans la journée. Privé d’un apport suffisant en eau, notre dos fonctionne mal et la douleur s’installe.

Pour faire face aux pics d’activité en cabine, il est donc recommandé d’avoir une bouteille d’eau à portée de main dans la journée et de respecter un temps de sommeil suffisant la nuit !

Post scriptum : de l’eau, c’est de l’eau – pas du soda, du thé ou du café. Si vous avez du mal à boire de l’eau, vous pouvez utiliser du thé Kombucha. Sans théine, il peut être bu toute la journée sans effet excitant, et son goût naturellement doux permet d’éviter le sucre. Ce thé se trouve facilement en grande surface et il existe de nombreuses variétés aromatisées pour tous les goûts.

Bouger contre le mal de dos

Bouger n’est souvent pas la première idée qui vient à l’esprit quand on a mal au dos… Et pourtant ! Si une quantité suffisante de sommeil est primordiale pour réparer notre dos, l’immobilité au réveil est son pire ennemi.

En effet, notre corps est conçu pour bouger.

Or, intuitivement, notre cerveau associe la douleur à une blessure. Lorsque notre dos est douloureux, notre réflexe est donc de nous reposer pour éviter d’aggraver la situation. A rebours de cette intuition, on sait maintenant que maintenir une activité physique quand on souffre du dos est recommandé (en l’absence de tout dommage spécifique, bien sûr).

Votre dos tire après une grosse journée en cabine ? Plutôt que de vous dépêcher de rentrer en voiture pour vous allonger directement sur le canapé, faites un peu d’exercice pour détendre vos muscles et évacuer la tension accumulée ! (sans devoir aller jusqu’à la salle de sport, il existe des exercices très doux – notamment des étirements et des exercices de respiration, disponibles sur internet, qui peuvent vous aider à soulager vos lombaires trop sollicitées).

Dans notre culture occidentale, on soigne bien mais on prévient peu. Si les grosses journées en cabine finissent invariablement par un mal de dos qui dépasse le simple tiraillement de fatigue, il est aussi fort probable que votre dos ne soit pas suffisamment musclé pour résister à l’effort que vous lui demandez. Dans ce cas, consulter un kinésithérapeute pour renforcer votre dos de façon préventive est la meilleure stratégie pour éviter les douleurs (et la prise d’analgésiques) à répétition. Les exercices appris pourront facilement être reproduits en toute autonomie à la maison ou à l’institut.

Marcher, tout simplement, est aussi une excellente thérapie anti mal de dos. Le savez vous ? En position assise, la pression sur les vertèbres est supérieure à celle qui s’exerce en position debout, et si vous vous penchez vers l’avant, cette pression augmente encore ! Le dos d’une esthéticienne en cabine ou d’une prothésiste ongulaire à sa table de manucure subit donc une pression maximum toute la journée. Le remède ? Marcher le plus possible pour retrouver une position naturelle, relancer la circulation et désengorger les muscles après chaque période d’immobilité.

Ainsi, il est recommandé d’effectuer une courte pause « active » entre chaque cliente, de privilégier les trajets à pied (ou à vélo) plutôt que la voiture, et de bouger le plus possible hors du travail dans toutes les activités quotidiennes.

Être bien chaussée

Si les tenues de travail confortables se sont imposées, trop d’esthéticiennes ne prennent pas assez soin de leurs pieds. Dans ce métier de représentation, beaucoup refusent de se promener toute l’année à l’institut avec des baskets de sport. Pourtant, la journée d’une esthéticienne en pleine saison ressemble davantage à un semi-marathon qu’à un cocktail mondain. A défaut d’être bien chaussée, l’inconfort peut se traduire par un mal de dos après une longue journée en cabine, voire, avec le temps, se muer en véritables trouble squelettique invalidant.

Investissez dans vos pieds ! Pour concilier élégance et confort, il existe des marques de chaussures dont la cambrure est spécialement étudiée pour protéger le dos. Ces chaussures sont parfois équipées de coussinets intérieurs qui amortissent les pas et préviennent les échauffements excessifs de la voûte plantaire.

Bon à savoir : les magasins de sport vendent aussi des semelles amortissantes prêtes à l’emploi qui peuvent se glisser dans n’importe quelles chaussures (prévoir ½ pointure supplémentaire).

Adopter de bonnes habitudes de travail à l’institut

Les mauvaises postures renforcent les tensions lombaires. A l’institut, le dos est constamment sollicité, il convient donc d’adapter l’outil de travail pour ne pas aggraver la pression. Par exemple, il est primordial de travailler avec un lit de massage ou une table de manucure réglés à la bonne hauteur. Comment faire lorsque l’équipe comprend des petites et des grandes ? Si l’achat d’une table électrique s’avère trop onéreux, l’organisation du travail devra être optimisée. Par exemple, plutôt que spécialiser les cabines (« épilations », « corps », « visage » etc.), il est tout à fait possible de prévoir un matériel nomade (appareils, produits) et d’avoir des tables réglées différemment, qui seront allouées en fonction des personnes présentes. Acheter un tabouret ergonomique (« siège de cheval ») qui oblige à maintenir le dos droit lors des prestations, assorti éventuellement d’un repose pieds pour les plus petites, peut également pallier le problème de hauteur.

Il peut être également intéressant de réfléchir au rangement de l’institut : prévoir les articles les plus lourds à portée de main (seaux d’enveloppement, draps d’examens, produits d’entretien, aspirateur…), adopter les bons réflexes comme se baisser en pliant les genoux (plutôt que se pencher en avant) pour ranger les commandes etc.

Lors des pics d’activité, varier les prestations au cours de la journée permet d’éviter les postures prolongées. Enfin, ménager des temps de récupération réguliers sera souvent plus bénéfique qu’une seule coupure longue au déjeuner. La Convention de l’esthétique, qui ne prévoit qu’une pause obligatoire de vingt minutes toutes les six heures, n’interdit pas de fractionner ce temps de repos.

Troubles du dos : la responsabilité de tous !

Comme nous l’avons vu, le mal de dos peut avoir de multiples causes liées à l’environnement de travail comme à l’hygiène de vie. S’il n’existe pas de recette miracle, c’est par une prise de conscience générale et l’adoption (dès l’apprentissage) de bonnes habitudes quotidiennes que ce problème peut être traité au sein de la profession. En ce sens, chacun – employeurs, formateurs, esthéticiennes salariées – doit réfléchir à sa responsabilité.

 

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