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Nés juste avant le covid ou pendant, ils ont repensé l’organisation du travail, de l’espace d’accueil ou de l’offre client. Ciblant plutôt une clientèle urbaine, ils surfent sur des idées en vogue depuis la crise sanitaire : lieux « hybrides », « flexibilité », « inclusivité », « coworking », « networking », « high tech ».

Non, nous n’allons pas vous parler de start-ups. Mais de concepts esthétiques qui ont osé casser avec succès les codes traditionnels de l’institut de beauté – comme « Derrière le fauteuil », qui inaugure le premier espace de coworking esthétique en France.

« Derrière le fauteuil » : le premier espace de coworking esthétique en France

L’idée de créer un espace de coworking coiffure et esthétique a mûri longtemps dans la tête de Marie Michèle Alberto, qui a dirigé elle-même plusieurs salons.

« Il y a dix ans, ce concept paraissait totalement fou, mais aujourd’hui, la profession est prête. » affirme -t-elle à Esthéticienne.pro. C’est finalement en pleine crise sanitaire, à l’automne 2021, qu’elle se décide donc à ouvrir « Derrière le Fauteuil », en association avec sa sœur Mélodie Robresco et son mari Pascal, informaticien.

Situé en plein cœur de Marseille, entre le Vieux Port et le Palais de Justice, ce centre hyper design de 428 mètres carrés regroupe cinq cabines esthétiques, neuf espaces de manucure, neuf corners de coiffure et trois postes de barbier. La particularité ? Ces espaces entièrement équipés sont à louer par des free-lances – à l’heure, à la journée, ou au forfait jours.

Simple, rapide et flexible

Pour commencer à travailler, il suffit d’avoir un numéro de Siret et une assurance professionnelle. « Nous avons développé une plateforme informatique qui permet aux indépendants d’être totalement autonomes. En quelques clics, depuis votre téléphone, vous pouvez réserver, régler et recevoir un QR code qui vous permet d’accéder à votre espace pour le temps voulu. » explique Marie Michèle Alberto.

Chaque professionnel pratique les prestations et les prix qu’il souhaite : la plateforme ne prend aucun pourcentage sur le chiffre d’affaires ni aucun abonnement fixe, et le coût de la location, de 5.33 à 9 euros de l’heure, est fixe.

Un temple de la beauté 

Tatouage, pigmentation, ongles, soin visage, beauté des pieds, extensions de cils, massages et bien-être, laser, naturopathie, coiffure, extensions, barbier : « Derrière le Fauteuil » propose (presque) toutes les prestations imaginables sur trois étages. Si chaque espace peut être intimisé à la demande, l’organisation est prévue en open-space – conférant une atmosphère de ruche à ce temple de la beauté.

En lui-même, ce gigantisme casse les codes classiques de l’institut de beauté – dont la taille moyenne est de 50 M2 en France – et attire une clientèle branchée, avide de nouveautés. Mais il est aussi une révolution pour les esthéticiennes et prothésistes ongulaires free-lances qui cherchent un emplacement premium pour leurs rendez-vous.

Choisir son emploi du temps

Alors que la flexibilité devient un mode de vie, payer un loyer « à l’utilisation » permet aux indépendantes de la beauté qui exercent ici – pour la plupart des femmes – de moduler leur emploi du temps sans s’inquiéter des charges fixes qui courent lorsqu’elles ne travaillent pas.

Selon la co-fondatrice du concept « Derrière le Fauteuil », tous les profils se côtoient : « certaines professionnelles regroupent leurs heures de présence sur deux ou trois jours, d’autres choisissent de ne travailler qu’à certaines heures, en soirée par exemple. Il y a aussi des mamans qui veulent lever le pied durant les vacances scolaires. »

Les horaires de l’établissement, de 8 heures à 20 heures – permettent aux prestataires, mais aussi aux clients, de s’organiser à leur guise. Une meilleure adaptation aux modes de vie actuels, difficile à proposer dans les instituts traditionnels.

Un lieu de travail valorisant

En plus de choisir son rythme de travail, le coworking esthétique permet à des indépendantes de s’offrir un cadre de travail idyllique – sans débourser un euro d’investissement : espace d’attente et cabines cosy, mobilier raffiné, table de soin électriques, éclairage variable, ambiance musicale personnalisable… Tout a été pensé pour travailler confortablement.

Ces nouveaux coworkers de la beauté peuvent également profiter d’un emplacement N°1 en centre-ville, où le niveau des loyers a peu à peu évincé les indépendants au profit des grandes chaines de magasins franchisés.

Se concentrer sur son activité

Plus de loyer ni de taxe foncière, d’abonnement eau, internet ou électricité… Au-delà de l’avantage financier, c’est aussi un gain de temps qui est recherché dans le coworking esthétique.

« La beauté est un métier prenant. Alors s’il faut en plus gérer la paperasserie, les pannes de matériel, les commandes de consommables, le ménage et le linge … Notre concept est d’éliminer toutes ces contraintes afin que les free-lances, qui exercent seuls, se concentrent à 100% sur leur activité. » détaille Marie Michèle Alberto, qui a elle-même éprouvé ces difficultés en dirigeant plusieurs salons.

Retrouver l’ambiance d’une équipe

Sa connaissance du métier l’a également incitée à développer le côté humain. « La plupart des free-lances sont d’ex-salariées. Si elles apprécient leur indépendance, elles souffrent parfois d’isolement,  » pointe la gérante de l’établissement.

Le networking (« réseautage ») fait donc partie intégrante du concept « Derrière le Fauteuil ».

« Le coworking permet d’échanger avec des personnes qui partagent les mêmes problèmes que vous, de se tenir au courant des nouveautés. En somme, de retrouver l’ambiance d’une équipe. » détaille Marie Michèle Alberto.

Dans les coulisses du salon, on découvre un espace de pause spacieux, avec une cuisine, des tables, des canapés, et des casiers individuels où il est possible de laisser son matériel d’une fois sur l’autre. Pour Marie Michèle Alberto, ce lieu de rencontre est le cœur de la « maison » : « On y accueille même parfois des groupes qui viennent en formation technique, et les conversations se nouent naturellement ».

Mais comment créer un climat d’entraide alors que ces indépendants sont tous a priori en concurrence ?

« En réalité, il n’existe pas de compétition frontale, nuance Marie Michèle Alberto : Les compétences de chacun et chacune sont très variées – et souvent complémentaires. De plus, chaque professionnel gère en toute autonomie la prise de rendez-vous avec sa propre clientèle, à l’extérieur du salon. »

Reste que cet immense salon en centre-ville attire aussi une clientèle de passage. Un petit plus pour les prestataires ponctuellement disponibles entre deux rendez-vous. Afin de prévenir tout conflit, c’est Marie Michèle Alberto, à l’accueil du salon, qui se charge de répartir cette demande.

Le digital ne fait plus peur

Les mentalités évoluent. Ainsi, Marie Michèle Alberto remarque que de nombreux professionnels veulent aujourd’hui cumuler indépendance et qualité de vie.

Par ailleurs, la digitalisation a fait un énorme bond en avant, accéléré par la crise sanitaire.  » Aujourd’hui, plus personne ne rechigne à recourir à une plateforme pour accéder à des services. » conclut la créatrice du concept.

Esthéticienne.pro remercie l’équipe de Derrière le Fauteuil interviewée le 2 mars 2022.   

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