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Rien de moins glamour que l’assurance « Responsabilité Civile », appelée « RC pro » dans le jargon des assureurs. Alors pourquoi en parler ? Précisément parce que ce n’est pas sexy, que vous n’avez sans doute jamais lu grand chose sur le sujet, et que vous travaillez peut être sans la protection adéquate. Qu’est-ce que la RC Pro esthétique ? A ne pas confondre avec la multirisque qui couvre votre local, obligatoire, la RC pro est facultative; mais s’en passer revient un peu à jouer à la roulette russe. Son rôle ? Vous assurer pour tous les dommages que vous (ou vos salariées) pourriez occasionner à autrui, notamment à vos clients. Pourquoi est-ce important d’être (bien) protégée par une RC pro esthétique ? Si les accidents en cabine sont (heureusement) rares, les montant en jeu peuvent être colossaux – de quoi y laisser votre institut, voire votre maison ou votre appartement.

Bref, en l’absence d’assurance ou si celle-ci ne vous couvre pas bien, c’est vous qui paierez !

Or, « dans 95% des cas, les professionnels de l’esthétique se voient proposer des contrats standards qui ne sont pas adaptés à leur activité », observe Didier Sendrès, fondateur du cabinet Esthetic Assur. Quand un problème survient, il est hélas trop tard pour s’en préoccuper. Au cours d’un entretien, Didier Sendrès nous a fait part de son expérience d’assureur spécialiste du secteur esthétique. Lui même marié à une esthéticienne, il nous parle de ce métier en pleine transformation et de la notion de risque qui a considérablement augmenté ces dernières années. Nous lui avons demandé quelques conseils pour choisir une RC pro esthétique.

Esthétique : une profession mal connue des assureurs

Les assureurs sont des mathématiciens qui ont horreur de l’incertitude. Pour intégrer un nouveau risque, les compagnies ont donc besoin de connaitre les montants en jeu et la probabilité que survienne un sinistre – ce qui exige un certain recul sur les dommages à assurer. Or,  » la plupart des prestations beauté qu’on trouve couramment en instituts n’existaient pas il y a quelques années,  » pointe Didier Sendrès, citant pèle mêle le lifting colombien, le microblading ou l’extension de cils.

Autrement dit, si les contrats ont toujours un temps de retard sur les pratiques, c’est que les assureurs peinent à suivre l’évolution incessante du métier.

« Traditionnellement, les esthéticiennes faisaient des épilations à la cire et des soins cosmétiques manuels. Les dommages étaient minimes et bien maîtrisés. Aujourd’hui, dans un institut, on peut trouver de nombreuses spécialisations, qui vont de l’esthétique du regard à l’anti âge, en passant par la minceur, les massages du monde et la pigmentation. » explique l’expert. Ces nouveaux services étant mal connus des assureurs, les contrats sont imprécis. Le risque ? Travailler sans filet, alors même que la probabilité d’incident augmente.

Des cosmétiques de plus en plus concentrés

Poussés par la demande de résultat, les soins du visage classiques connaissent un renouveau spectaculaire. Nouvelles molécules plus performantes, formules plus concentrées : les protocoles cosmétiques ont considérablement évolué. Au croisement de l’esthétique et du médical, la cosméceutique est la nouvelle tendance en institut. « S’ils sont plus efficaces, ces produits peuvent aussi provoquer des réactions inattendues. C’est le cas, par exemple, des peelings aux acides de fruits et des protocoles cabine à l’acide glycolique, que nous intégrons dans nos contrats. » explique Didier Sendrès. En effet, en cas d’éviction sociale ou d’arrêt de travail, l’institut de beauté peut se voir demander d’importants dommages intérêts par sa cliente – voire, par la Sécurité Sociale. Or, ces soins sont souvent exclus des RC pro esthétiques.

Minceur, dépilation et anti âge : les nouveaux risques de l’esthétique high tech

Parmi les risques susceptibles de générer les dommages les plus invalidants et les plus coûteux, l’assureur évoque également les nouvelles technologies esthétiques.  » En quelques années, la plupart des instituts de beauté se sont équipés d’appareils esthétiques dernier cri : leds, infrarouge, radiofréquence, ultrasons, cryo-esthétique, luminothérapie, électro stimulation, percussions, presso esthétique, palpé-roulé, micro dermabrasion. Même les prestations les plus traditionnelles comme l’épilation ont expérimenté l’arrivée du high tech avec la lumière pulsée ou l’épilation électrique définitive. »

Si ces technologies sont généralement sures, les accidents, qu’ils soient d’origine humaine ou liés à un problème matériel, peuvent s’avérer spectaculaires (brûlures, lésions, problèmes fonctionnels, cicatrices etc.). Leurs conséquences, pas toujours réversibles, occasionnent alors des plaintes (y compris pour préjudice moral) qui se chiffrent en centaines de milliers d’euros, ainsi qu’a pu le constater Didier Sendrès.

Au vu des sommes en jeu, la compagnie d’assurances peut être tentée d’échapper au dédommagement de la victime, prétextant que la technologie en cause était exclue des garanties. « Il appartient aux esthéticiennes de vérifier l’ensemble des dommages couverts et de ne pas hésiter à lire les petites lignes », met en garde l’assureur.

Certains fournisseurs d’appareils esthétiques prennent le problème à bras le corps en nouant des partenariats avec les quelques compagnies d’assurances susceptibles d’accompagner leurs clientes en France. Pour Didier Sendrès, il ne doit pas y avoir de tabou à parler de risques : « Le 100 % sécurité n’existe pas. Les distributeurs de matériel ont un rôle essentiel pour informer et conseiller leurs clientes sur cet aspect de leur métier. »

Législation : le risque reporté sur les esthéticiennes en cas de manquement

Autre source de risque pour les professionnels de l’esthétique : la législation floue, mal connue et parfois complexe qui encadre les prestations esthétiques, l’exploitation de certains matériels ou le fonctionnement des ERP.

Certaines professionnelles des ongles, des cils ou du maquillage permanent, qui diversifient leurs activités dans l’esthétique sans précautions, en font parfois les frais.

Rappelons que les soins visage, l’épilation, et la manucure sont des prestations réglementées et strictement réservées aux esthéticiennes diplômées d’état. « Exercer sans CAP esthétique revient à travailler sans assurance. Car même si vous avez souscrit une RC pro, la compagnie ne vous couvrira pas en cas de dommage, » avertit Didier Sendrès, pointant le double risque civil (indemnisation du client) et pénal (contravention, confiscation de matériel, prison dans les cas extrêmes) en cas de plainte.

De même, une compagnie d’assurances ne manquera pas de se retourner contre une esthéticienne qui utilise une technique interdite (comme, récemment, le Hyaluron Pen ou le Micro needling), néglige les règles d’hygiène pour la pratique de la pigmentation, ou ne respecte pas ses obligations d’ERP (établissement recevant du public) – comme par exemple le contrôle électrique à effectuer tous les deux ans ou le contrôle obligatoire de son solarium à UV.

Nul n’est censé ignorer la loi !

Comment bien choisir une RC pro esthétique ?

Pour le fondateur d’Esthetic Assur, le premier critère de choix avant de souscrire une RC pro esthétique est de vous adresser à un assureur qui connait votre métier.  » Ce n’est pas à l’esthéticienne de s’adapter à l’assureur mais l’inverse, précise t-il : votre assureur doit parler le même langage que vous et comprendre ce que vous faites pour vous proposer une solution adaptée à vos besoins ».

Second conseil :  vérifier que le niveau de protection prévu dans le contrat correspond bien à vos besoins, et saura évoluer avec vous.  » Aujourd’hui, tout va très vite et une esthéticienne doit constamment se former et innover, explique Didier Sendrès. Même si des garanties classiques vous suffisent dans l’immédiat, vérifiez que votre RC pro esthétique pourra s’adapter dans le temps. »

Troisième conseil : vérifier et (si besoin) mettre à jour votre contrat à chaque fois que vous élargissez votre carte de soins. « Par écrit », précise l’assureur.

Quatrième et dernier conseil : optez pour une assistance juridique incluse. « Face à une plainte mettant en cause sa responsabilité professionnelle, une esthéticienne est seule et souvent démunie. L’assistance juridique permet de bénéficier de conseils, d’une prise en charge financière et des services d’un avocat pour se défendre » plaide Didier Sendrès.

En savoir plus sur Esthetic Assur

A l’origine de ce cabinet d’assurance, il y a une histoire de couple. Elle dirige un institut de beauté dans le Sud Ouest de la France, lui est assureur. Lorsque madame se lance dans le maquillage permanent, monsieur se rend compte que son contrat d’assurance ne couvre pas cette activité. Pire, il s’avère qu’aucune compagnie contactée ne veut prendre en charge ce risque. En se penchant de plus près sur la question, Didier Sendrès s’aperçoit qu’il en va de même avec de nombreuses autres prestations esthétiques, pourtant couramment pratiquées dans les instituts. Il décide alors de travailler sur un contrat spécialement étudié pour les besoins des professionnels de l’esthétique et obtient l’aval d’une grande compagnie d’assurance française. Le cabinet Esthetic Assur est né.

 

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