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Simplicité des démarches administratives et comptables, exemption de TVA, charges sociales réduites : le statut de l’auto entrepreneur séduit de nombreux créateurs d’entreprise dans la filière beauté. Lorsqu’on souhaite tester un concept avant d’ouvrir son institut et qu’on n’envisage pas d’embaucher d’employé, c’est même un choix évident, que font par exemple la plupart des esthéticiennes à domicile. Mais qu’en est-il du régime de retraite des esthéticiennes en micro entreprise ? Accumule-t-on les mêmes droits qu’un gérant de société ou un salarié ? A l’occasion de la réforme des retraites, estheticienne.pro s’est penché sur la question.

Retraite : une seule caisse pour les indépendants et les salariés de l’esthétique

Les micro entrepreneurs paient leurs cotisations sociales à l’URSSAF des Indépendants sur la base d’un taux forfaitaire du chiffre d’affaires réalisé en prestations (21.5 % en 2023). Ce forfait social est réparti par l’URSSAF entre les différents organismes (assurance maladie, vieillesse, invalidité, formation etc.). Pour ce qui concerne la retraite, l’auto entrepreneur est affilié au régime général.
Autrement dit, une esthéticienne en auto entreprise cotise à la même caisse que les gérants de société et les salariés du secteur.
Bon à savoir si vous cumulez plusieurs statuts : Pour une esthéticienne qui, au cours de sa vie professionnelle, travaille successivement sous différents statuts (salariée, auto entrepreneur, gérante d’institut en société), les trimestres acquis se cumulent de façon transparente. Il n’est cependant pas possible de cumuler plus de 4 trimestres par an. Une esthéticienne cumulant un emploi salarié et une activité d’auto entrepreneur en même temps n’accumule donc pas plus de trimestres.

Quelle retraite pour les micro entrepreneurs de la beauté ?

 Soumises au régime général, les retraites des esthéticiennes en auto entreprise obéissent aux mêmes règles que les salariés. Pour obtenir une pension complète, il faut donc avoir validé au minimum 172 trimestres ou 43 années de cotisations, à raison de quatre trimestre par an, et avoir atteint l’âge minimum (qui passera à 64 ans à partir de 2030), si on est né après 1961.
La retraite au régime général se base sur le revenu annuel moyen, qui est calculé ainsi : 50 % du chiffre d’affaires réalisé.
Par exemple, pour un chiffre d’affaire déclaré de 30 000 euros hors taxe, le revenu moyen pris en compte par l’administration sera de 15 000 euros.

Existe -t-il un minimum de chiffre d’affaires à réaliser par l’auto entrepreneur pour valider un trimestre de retraite ?

Contrairement aux gérants de société, il existe une condition de chiffre d’affaires pour valider un trimestre de retraite en auto entreprise. Ainsi, la validation d’un trimestre n’est pas automatique !

En 2023, le chiffre d’affaires minimum à déclarer pour acquérir un trimestre de retraite est de 2412 euros, ou 12 030 euros pour valider une année complète.

Il convient donc d’être vigilant : si en l’absence de recettes, il n’y a pas de charges sociales, ce qui peut paraitre avantageux pour la trésorerie immédiate, aucun droit à la retraite n’est ouvert. Alors que la durée de cotisation s’élève maintenant à 43 ans, le moindre trimestre perdu recule donc d’autant l’âge de la retraite à taux plein, jusqu’à 67 ans.

Il s’agit là d’une particularité des auto entrepreneurs par rapport aux indépendants qui eux, payent une contribution minimale obligatoire quel que soit leur chiffre d’affaires.

Retraite des esthéticiennes en micro entreprise : une bombe à retardement ?  ?

Le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale a déjà alerté sur la question de la retraite des micro entrepreneurs : « 40 % des micro entrepreneurs ne valident aucun droit à la retraite », soulignait déjà ce groupe d’experts dans un rapport en 2020. Une véritable bombe à retardement, alors que le statut d’auto entrepreneur séduit de plus en plus d’indépendants !

 » A terme, des centaines de milliers de personnes seront au minimum vieillesse ! » ont renchéri des sénateurs.

Un sujet qui n’est pourtant pas revenu sur la table à l’occasion de la réforme des retraites… mais qui risque de s’imposer dans les prochaines années, quand les premiers auto entrepreneurs atteindront l’âge de la retraite.

Dominique Libault, Président du Haut Conseil pour le financement de la protection sociale, propose ainsi de faire jouer la solidarité nationale :

« Est-ce qu’une partie de la cotisation vieillesse minimale pourrait être prise en charge (…) comme c’est le cas pour les salariés (…) avec les allègements sur les bas salaires ? »

En attendant, depuis 2018, les auto-entrepreneurs qui le peuvent ont le choix d’opter pour le régime des travailleurs indépendants. Ce qui revient à verser volontairement un montant de charges sociales minimum (1180 euros en 2023), couvrant le risque maladie et invalidité, et permettant d’acquérir une année de retraite.

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