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La stimulation musculaire n’est pas une idée neuve. A la grande époque du palper rouler manuel, les esthéticiennes utilisaient déjà des appareils électriques à patchs. Ringardisé par les nouvelles technologies minceur, le concept ressort aujourd’hui du placard sous le nom d’EMS et de FMS. Efficacité décuplée, pilotage assisté par ordinateur : depuis dix-huit mois, toutes les marques leaders rivalisent de promesses alléchantes. Simple effet de mode ou réelle innovation ? Technologies, perspectives de marché : on vous explique pourquoi la stimulation musculaire fait fureur dans les instituts de beauté.

Redessiner la silhouette    

Au cours des deux dernières décennies, les traitements minceur ont connu une véritable révolution technologique en institut de beauté. Pour autant, de nombreuses clientes sont encore insatisfaites de leur silhouette après une cure. Quelle est la raison de cette frustration ? Nous avons posé la question à Brice Avon, Directeur R&D et formation chez Bloomea :

« Tous les appareils minceur disponibles sur le marché ont été conçus pour déstocker les graisses, lisser la peau d’orange ou traiter le relâchement cutané. Leurs résultats se mesurent en perte de centimètres. C’est déjà beaucoup, mais pas suffisant pour répondre à la demande de la clientèle sur l’aspect global de la silhouette et réharmoniser les formes. Pour traiter cette problématique, l’esthéticienne doit pouvoir travailler sur les muscles, et pas uniquement sur la cellulite ou l’aspect de la peau. Chez Bloomea, c’est ce que nous appelons le bio-contouring . »

Regardons de plus près. La graisse sous-cutanée compte pour 25 % dans la composition du corps humain, contre 35 à 40 % environ pour la masse musculaire, selon les individus. En fonction du sexe, du capital musculaire naturel, de l’âge, de l’état de santé, on comprend effectivement que le muscle peut jouer un rôle égal, voire plus important que la graisse dans l’aspect esthétique global.

Ainsi, « une réduction de quelques centimètres ne résout pas un problème de fesses plates – ou basses, ni de ventre distendu; pointe Brice Avon. Parfois, remodeler la silhouette signifie au contraire galber ou redonner de la rondeur, au lieu d’éliminer. « Avec la stimulation musculaire, l’esthéticienne peut véritablement redessiner la zone taille-fesses-cuisses « , conclut-il.

Transformer la graisse en muscles, un rêve désormais possible ?

« Non, d’un point de vue technique, la graisse ne se transforme pas en muscles, c’est même physiologiquement impossible, » précise le responsable des formations chez Bloomea. Mais alors, comment fonctionnent ces nouveaux appareils miraculeux qui promettent de réduire la graisse et d’augmenter parallèlement la masse musculaire dans les mêmes proportions ?

Les nouvelles technologies de stimulation musculaire

En menant notre enquête, nous avons constaté qu’il règne aujourd’hui une certaine confusion entre deux types de stimulation musculaire qui existent sur le marché :

  • La technologie électrique, adaptée du Fitness (également appelée EMS)
  • La technologie des champs magnétiques (plus récente), issue du monde médical (également appelée FMS, ou HIFEM)

Commençons par le point commun : ces appellations regroupent des appareils conçus pour entrainer des contractions involontaires dans les zones du corps les plus riches en muscles : cuisses, fessiers, ventre (abdominaux).

Pour cela, ils utilisent les impulsions électriques envoyés aux muscles lors d’un mouvement. Si on veut résumer, ils donnent l’ordre au corps de travailler en court-circuitant le cerveau. L’avantage ? Provoquer des contractions plus rapides et plus intenses, impossibles à obtenir naturellement en faisant du sport. Le tout, sans aucun effort.

L’analogie entre les deux technologies s’arrêtent là.

La stimulation fonctionnelle électromagnétique fonctionne sous forme de cures très brèves, très intenses, et focalisées sur une seule partie du corps à la fois. 

En revanche, la stimulation électrique, plus proche d’un fitness passif, est bien adaptée à un travail régulier et multi zones sur la silhouette.

Pour le client en cabine, l’ergonomie de ces deux types d’appareils est également très différente.

La stimulation électrique s’effectue via des électrodes en contact avec la peau humide, qui envoie un courant basse tension aux muscles.

Pour une séance de stimulation fonctionnelle électromagnétique, l’esthéticienne sangle deux larges applicateurs sur les cuisses, les fesses ou l’abdomen de la cliente, sans contact nécessaire avec la peau.

Stimulation électrique : le succès des combinaisons connectées

Il y a moins de dix ans, le marché du sport en salle est disrupté par l’arrivée de combinaisons connectées. Le principe ? Pendant l’entrainement, le coach envoie des stimuli électriques ciblés à chaque mouvement, décuplant l’effort musculaire en cours. L’electrofitness est né. Les résultats sont spectaculaires, plusieurs centaines de centres spécialisés s’installent en France.

Si cette technique s’avère redoutablement efficace pour le renforcement musculaire, elle n’est pas adaptée aux instituts de beauté… jusqu’à l’arrivée de combinaisons sans fil qui peuvent s’utiliser en position allongée, sans faire de mouvement.

Ressemblant plus à un soin esthétique qu’à une séance de sport, de nouvelles prestations de trente minutes promettent alors de tonifier le corps de façon très efficace, « sans bouger, sans coach, et sans effort », résume Jean Michel Veistroffer, CEO de la société d’importation I-Shape en France.

Quelle différence avec les appareils de stimulation électrique qui existaient sur le marché il y a plusieurs décennies ?

Bien que le principe consiste toujours à envoyer des impulsions électriques directes via des électrodes, les appareils de nouvelle génération n’ont plus grand-chose à voir avec leurs lointains ancêtres.

D’un point de vue pratique (et esthétique), les électrodes sont cachées et prépositionnées dans un shorty à manches courtes qu’enfile la cliente, avec une mise en place réduite pour la praticienne. De plus, cet équipement autonome fonctionne sans fil, ce qui rend la séance très confortable.

Du côté des réglages, fini les molettes des premiers appareils de stimulation à patchs. Le pilotage s’effectue désormais sur un large écran en couleur, en cliquant sur une interface graphique simple à utiliser, et chaque séance est mise en mémoire pour faciliter le suivi.

Mais la véritable avancée, c’est l’efficacité. Truffées d’électrodes (vingt en tout sur I-Shape) placées sur l’abdomen, les cuisses et les fesses, la combinaison peut faire travailler jusqu’à cinq zones du corps. Selon les objectifs de la cliente, l’effort est ainsi réparti pour rééquilibrer toute la silhouette.

Stimulation magnétique : l’innovation qui disrupte le marché  

Dans le domaine médical, les champs magnétiques pulsés sont utilisés pour soigner certaines maladies articulaires et inflammatoires. Ce n’est que très récemment qu’ils ont trouvé un domaine d’application dans l’esthétique, en révolutionnant la stimulation musculaire.

Comment cela fonctionne-t-il ? Contrairement à la stimulation électrique, aucun courant n’est envoyé dans le corps.

« L’être humain présente une sensibilité naturelle aux ondes électromagnétiques, explique Brice Avon. Exposées à certaines fréquences, nos cellules créent des courants, qui génèrent à leur tour des contractions musculaires extrêmement fortes. Sur notre appareil Neopulse, chaque cliente minceur effectue ainsi l’entrainement d’un sportif de haut niveau, de façon totalement passive. »

Mais la puissance du travail musculaire n’est pas l’unique innovation apportée par cette nouvelle technique de stimulation, selon l’expert de Bloomea. « Un sportif va mobiliser 25 à 30 % d’un groupe de muscles. En comparaison, les champs magnétiques pulsés peuvent stimuler 100 % du muscle à chaque contraction. Il en résulte un travail extrêmement efficace, quels que soient l’âge et la condition physique de la personne. »

Et ce n’est pas tout.

La mobilisation du muscle s’effectue en continu, pratiquement sans récupération. Ainsi, l’effort réalisé au cours d’une séance est très intense. En une demi-heure, la stimulation magnétique permet de générer 20 000 contractions – autrement dit, l’équivalent de 20 000 crunchs (abdomen) ou 20 000 squats (cuisses et fessiers). Un niveau d’exercice tout simplement impossible à atteindre en faisant une séance de sport classique.

Il en résulte bien évidemment une consommation énergétique exceptionnelle.

« Lors d’un mouvement, nos muscles consomment une molécule appelée ATP (Adénosine triphosphate). Durant une séance de stimulation magnétique, l’intensité est telle que le muscle n’a pas assez de ses réserves. En réponse, l’organisme va produire de l’ATP en utilisant du glucose ou des lipides. Autrement dit, en puisant dans ses stocks de sucre et de gras… » détaille Brice Avon.

Le muscle étant plus lourd que la graisse, le poids ne diminue pas au fil de la cure, mais les études cliniques montrent une perte en centimètres. Brice Avon précise toutefois que la stimulation magnétique n’est pas indiquée si le pli graisseux dépasse trois à quatre centimètres. Dans ce cas, il convient de prévoir au préalable une cure minceur pour déstocker la cellulite.

Pourquoi la stimulation musculaire fait fureur dans les instituts de beauté   

Des résultats spectaculaires et rapides

Si la stimulation musculaire fait la une des magazines beauté, c’est parce que les bénéfices sur la silhouette sont à la fois extrêmement valorisants et extrêmement rapides.

Pour ce qui concerne les champs magnétiques pulsés, les études cliniques montrent par exemple que quatre séances seulement permettent d’augmenter de 16 à 19 % la masse musculaire, tout en perdant 19 % de graisse dans le mois suivant. Un argument commercial de poids.

« Aujourd’hui, un appareil comme Neopulse ouvre des perspectives entièrement nouvelles en institut de beauté, s’enthousiasme Brice Avon. Pour la première fois, la promesse de résultat ne se focalise plus uniquement sur la minceur, mais sur la possibilité d’obtenir ou de retrouver une silhouette dynamique et harmonieuse. Un travail très gratifiant pour l’esthéticienne. »

La possibilité de se différencier

Pour le porte-parole de Bloomea, une des avancées principales apportées par cette nouvelle technologie est de pouvoir proposer des cures sur-mesure à la clientèle minceur :

 » Il faut savoir que la structure du muscle se transforme selon les exercices effectués. Ainsi, si on souhaite galber et rehausser les fesses, on peut travailler plutôt le volume du muscle, sans pour autant chasser le bon gras qui crée de l’arrondi. En revanche, si on veut redessiner le ventre, on cherchera plutôt à sculpter et à assécher. Dans ce cas, plutôt que de gonfler le muscle existant, on s’attachera à créer de nouvelles fibres musculaires qui remplaceront les graisses superflues situées autour.  »

Il devient même possible de répondre à des problématiques jusqu’ici très difficile à traiter – comme le relâchement des bras, l’affaissement des fessiers ou l’intérieur des cuisses qui gondole.

« Aujourd’hui et plus encore dans le futur, tout spécialiste de la silhouette devra être capable de proposer une offre globale incluant minceur et tonification, conclut Brice Avon, insistant sur la nécessité d’être bien formé(e)  » car la plus-value de l’esthéticienne résidera de plus en plus dans sa capacité à mener des consultations d’expert et à utiliser des technologies complémentaires. »

Des prestations adaptées à la clientèle

La stimulation musculaire est indolore, (pratiquement) sans contre indications, et s’adresse à tout le monde, quelle que soit sa condition physique. Autant d’arguments qui correspondent parfaitement aux besoins de la clientèle esthétique, majoritairement adepte de résultats rapides et sans effort…

Elle est également bien adaptée aux personnes en surpoids pour qui le sport peut être traumatisant. Celles, justement, qui consomment de la minceur en institut de beauté.

La rentabilité « mains libres »

Dans un métier essentiellement manuel comme l’esthétique, le principal poste de coût réside dans la main d’œuvre, auquel il faut ajouter celui des produits utilisés.

A contrario, quelle que soit la technologie utilisée ou la marque de l’appareil, la stimulation musculaire est toujours une prestation mains libres ne nécessitant pas de consommable : la rentabilité est donc exceptionnelle pour l’institut de beauté, d’autant qu’il est possible de cumuler jusqu’à deux rendez-vous par heure.

« Concrètement, l’esthéticienne pose les plaques sur les zones à traiter et programme l’appareil en quelques clics. Avec une durée de trente minutes, les séances permettent d’intercaler d’autres rendez-vous (épilation, minceur, beauté des pieds etc.) : un levier intéressant pour augmenter son taux horaire. » commente Brice Avon.

Diversifier la clientèle

L’avènement de la stimulation musculaire ouvre un nouveau marché (immense) aux instituts de beauté : celui des personnes qui ne sont pas forcément en surpoids, mais qui ne sont pas pour autant satisfaites de leur corps. Avec trois nouvelles cibles : les allergiques au sport, les seniors, et les hommes.

Alors que nos modes de vie deviennent de plus en plus sédentaires, le raffermissement concerne un nombre croissant d’hommes et de femmes qui souhaitent garder une apparence élancée et athlétique – sans toujours y consacrer les efforts nécessaires. Ces allergiques au sport sont une cible toute désignée pour des solutions demandant un minimum d’implication.

Pour s’en convaincre, il suffit de considérer le succès que rencontre le lifting Colombien. Bien plus durable que cette technique de modelage qui promet un postérieur rond et haut placé à la Kim Kardashian, la stimulation musculaire est aujourd’hui l’unique moyen d’obtenir de façon durable l’effet « push-up » que recherche la clientèle.

Indolore et sans effets secondaires, la stimulation musculaire convient aussi parfaitement aux besoins d’une population vieillissante qui entend lutter contre le relâchement des formes. Les seniors prolongent de plus en plus leur vie sociale, professionnelle et amoureuse. La thématique anti-âge, jusqu’ici concentrée sur le visage, n’a aucune raison de ne pas s’étendre au corps, avec un potentiel de marché tout aussi énorme.

Enfin, un des plus gros atouts de la stimulation musculaire pourrait être d’attirer beaucoup plus largement la clientèle masculine dans les instituts de beauté – à condition toutefois que la communication et l’accueil de ces établissement soient adaptés pour les séduire.

Autant complexés que les femmes sur leurs silhouettes, les hommes ne consomment (presque) pas de prestations minceur. En revanche, la stimulation musculaire est tout à fait adaptée à leurs besoins : les prestations sont brèves (et sans douleur), la cure s’effectue en deux semaines, et les résultats sont (presque) immédiats. En outre, la stimulation musculaire leur permet d’obtenir de façon ciblée ce qu’ils souhaitent : un ventre plus « tracé » et plus plat, des bras mieux dessinés (biceps et triceps), et des cuisses fuselées.

Avec nos remerciements à Brice Avon, directeur R&D et formation chez Bloomea, interviewé durant la préparation de cet article.

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