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Des sourcils à la bonne épaisseur, bien dessinés et bien structurés changent l’harmonie et le caractère d’un visage. Hélas, cet élément clé dans l’esthétique globale d’une personne est rarement parfait au naturel. Lorsque la matière manque (tête ou queue dégarnie, ligne trop fine, « trous »), la technique de pigmentation hyper réaliste permet de recréer artificiellement du poil de façon quasi indécelable. Cette prestation sur-mesure s’adresse aussi bien aux femmes qu’aux hommes.

Pour en discuter, estheticienne.pro a interviewé Marlène Launay, dermographe spécialiste de l’alopécie des sourcils. Avec son mari Matthias, elle co-dirige le centre de formation LM Création Academy situé près de Marseille.

Qu’est ce qui vous a poussé à vous intéresser aux personnes victimes d’alopécie et à la technique de pigmentation hyper réaliste ?

Mon parcours personnel, d’abord. Ayant subi une chirurgie réparatrice à l’entrée de l’âge adulte, j’ai traversé une période difficile où je me suis sentie abandonnée et démunie. De là est née ma vocation d’aider les autres.

En licence d’art plastique, je me suis alors reconvertie dans le microblading, puis le poil à poil machine, où je pouvais à la fois exprimer mon goût pour le dessin et donner du sens à mon travail. Je me suis en effet aperçue que de nombreuses personnes souffrent de complexes à cause de leurs sourcils, notamment lorsqu’elles sont victimes d’alopécie.

Pour les accompagner, j’ai appris la pigmentation hyper réaliste des sourcils en Asie et en Europe de l’est, où ces techniques en trompe l’œil étaient plus avancées que chez nous. Après quelques années de pratique, j’ai fondé LM Creation Academy pour diffuser ces méthodes en France.

Comment l’alopécie des sourcils est-elle vécue par votre clientèle ?

J’observe quasiment toujours que la perte de pilosité atteint profondément l’estime de soi, générant toujours un stress important, qu’on soit un homme ou une femme. Chez les femmes, la chevelure et les cils sont des attributs traditionnels de féminité. Il en va de même chez les hommes avec la barbe, symbole de virilité.

Mais chez les deux sexes, l’absence de sourcils est souvent le plus difficile à vivre. D’une part, pour des raisons esthétiques : le sourcil est un élément clé du visage. Mais aussi parce que dans notre pays, l’alopécie des sourcils est assimilée par erreur au cancer et à la chimiothérapie. Les personnes qui en souffrent sont donc régulièrement dévisagées; elles suscitent la peur, la curiosité, voire le rejet. Des réactions que j’ai beaucoup moins observées dans les pays où je me suis formée.

Peu connue du grand public, l’alopécie féminine est longtemps restée un sujet tabou… Observez-vous une évolution des mentalités ?

La plupart des femmes qui sont victimes d’alopécie, quelle que soit la cause, se sentent très seules face au problème. Le cas emblématique de Jada Smith (ndl : mannequin et compagne de l’acteur américain Will Smith), qui a annoncé publiquement son alopécie totale due à une maladie auto-immune du système nerveux, a créé l’évènement.

Mais les choses bougent, car les réseaux sociaux libèrent la parole. Depuis peu, des groupes Facebook et des comptes consacrés à cette thématique se sont créés. En lançant une pétition en ligne, l’instagrammeuse Mélanie Lecomte (@melanie-alopecie), touchée par une pelade depuis l’âge de 7 ans), a par exemple réussi à interpeler le Parlement, et obtenu la prise en charge des prothèses capillaires dans les formes graves d’alopécie (ndl : cette mesure devrait s’appliquer dès 2023).

De même, les nouvelles techniques de pigmentation hyper réaliste, actuellement en plein essor, ont été popularisées grâce aux réseaux sociaux.

Comment accueillir les personnes souffrant d’alopécie des sourcils à l’institut ?

Une esthéticienne n’est ni médecin, ni psy. Il faut donc savoir passer le relai. Le formulaire de consentement éclairé nous y aide, en provoquant parfois une prise de conscience chez le client qui a besoin de diagnostic ou d’un soutien professionnel.

En institut, notre rôle est de prendre en charge un mieux être esthétique. Nous proposons des solutions techniques, et nous devons aider chaque personne à se projeter vers un résultat adapté à son style et à sa morphologie, en évitant, surtout, de vendre du rêve.

Personnellement, j’utilise des photos sans chercher à montrer des modèles parfaits. En fin de compte, j’ai observé que les gens s’identifient plus à des personnes qui leur ressemblent, plutôt qu’aux visuels stéréotypés présentées sur les réseaux sociaux.

La pigmentation suscite -t-elle parfois des inquiétudes chez vos clients ? 

Même si on parle de pigmentation hyper réaliste, modifier l’apparence d’un visage n’est jamais anodin. Lorsqu’il s’agit de personnes souffrant d’alopécie, le changement va forcément être radical, ce qui peut être délicat d’un point de vue psychologique. Pour que mes clients s’approprient au mieux leur nouvelle apparence, j’évite donc les effets « avant – après » trop brutaux.

Avant toute prestation en cabine, je travaille sur photo. Sur ma tablette, je simule les retouches avec une application de dessin, exactement comme si je piquais. Cette première phase se déroulant à distance, mon modèle peut réagir et nous validons ensemble le résultat à atteindre.

Lorsque finalement arrive le jour J, il y a beaucoup moins de pression.

Sur la table, le client suit la progression de mon travail avec un miroir à la main – ce qui réduit son anxiété. Finalement, toute la transformation est un travail d’équipe, par petites touches.

Certes, cette méthode implique de renoncer au fameux effet « waouh ! » à la fin de la prestation. Mais elle évite aussi d’affronter la déception irréversible du client à la découverte du résultat…

Pourquoi proposer la création de sourcils hyper réalistes à l’institut ?

Tout d’abord, il existe un vaste marché, qui ne concerne pas uniquement les personnes atteintes d’alopécie. Qui peut le plus peut le moins : la pigmentation hyper réaliste séduit aussi toutes les clientes complexées par leurs sourcils, qui recherchent un résultat le plus naturel possible.

De plus, ces prestations sont extrêmement gratifiantes pour la technicienne. Sur un plan personnel, car votre travail a un grand impact sur le bien-être psychologique de vos clients. Et d’un point de vue professionnel, car chaque reconstruction de sourcils est un challenge technique, loin d’un basique poil à poil.

Il est cependant nécessaire d’avoir une bonne résistance et une grande capacité de concentration. Reconstruire un sourcil de A à Z peut prendre quatre à cinq heures de travail ! Il faut aussi une vraie envie de s’impliquer, de se former et de se perfectionner.

Quels conseils donnez-vous à une esthéticienne qui souhaite se former ?

On pense à tort qu’il suffit d’apprendre à dessiner et à piquer pour réaliser des sourcils hyper réalistes. Bien sûr, maîtriser le geste est important. Mais le résultat dépend tout autant de votre capacité à utiliser des produits adaptés ou à anticiper la réaction de la peau à votre travail.

Car en matière de pigmentation, il n’existe pas de recette toute faite. Une technicienne doit savoir prendre les bonnes décisions – par exemple, choisir entre différents types d’aiguilles selon la finesse de la peau à piquer, la sensibilité du modèle ou le résultat recherché.

Une formation de qualité doit donc vous fournir des bases solides sur la colorimétrie, les différents pigments et le matériel. En outre, elle doit vous apporter des connaissances cutanées indispensables, notamment, si vous n’êtes pas esthéticienne.

Avant de choisir un organisme, demandez vous donc si vous repartirez avec un bagage théorique solide.

A LM Création Academy, nous avons créé une formation en e-learning conçue à partir de centaines de cas concrets, avec des photo et vidéos exclusives. Nos stagiaires peuvent y accéder trois à six semaines avant leur venue au centre.  Ainsi, ils peuvent apprendre à leur rythme et surtout, revenir sur les aspects théoriques après avoir rencontré des cas pratiques, ce qui prend alors tout un autre sens.

Existe -t-il une prise en charge financière ?

Oui, mais le financement est variable selon les organismes (FAFCEA, OPCO, ou Pôle Emploi). Bon à savoir, il est également possible d’utiliser son CPF, sous réserve de choisir un centre agréé Qualiopi – ce qui est un gage de qualité, indépendamment de l’aspect financier. Et bien sur, pour pratiquer la pigmentation, vous devez également prévoir la formation obligatoire « hygiène et salubrité », elle aussi éligible à une prise en charge.

Quel accueil la technique de reconstruction réaliste des sourcils a -t-elle reçu au salon Beauty Profs ?    

Nous n’aurions jamais pensé qu’il y aurait autant de personnes présentes et intéressées par notre stand ! Nous avons vécu deux jours intensément magiques. Parmi la quarantaine de professionnels intéressés par nos formations, le thème qui a rencontré le plus de succès et qui d’ailleurs affiche complet sur toutes les sessions disponibles jusqu’au printemps est la technique de sourcils hyper réalistes présentée lors de la conférence d’octobre.

Pour aller plus loin, visitez le site de LM Création Academy ici ou rencontrez l’équipe au prochain salon Beauty Profs, les 8/9 octobre 2023 à Marseille. Crédit photo : LM Creation Academy. 

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