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Les produits de beauté sur-mesure ont le vent en poupe. Alors qu’un nombre croissant de consommateurs se tournent vers les cosmétiques faits maison, en quête de transparence et de naturalité, la tendance intéresse aussi les marques. Pas question pour autant de revenir aux potions d’apothicaire des premiers temps de la cosmétique. Engagés dans une course à l’innovation, start-ups et géants mondiaux comme l’Oréal investissent des millions d’euros dans des technologies qui nous promettent des produits de beauté « intelligents » et ultra adaptés. La standardisation née de la consommation de masse aurait-elle vécue ? Pour Laurence et Richard Roullier, cofondateurs de YUMI BEAUTY et pionniers de la personnalisation des soins en institut de beauté, il ne fait aucun doute qu’une révolution est en marche. Interview.

Nouvel acteur sur le marché du Skin care depuis deux ans, quelle a été votre réflexion avant de vous lancer ?

Nous sommes partis d’un constat : les soins cosmétiques sont généralement conçus pour répondre à un besoin précis (peau grasse, peau sèche, peau mixte, anti âge, imperfections, etc.); alors qu’en fait, la plupart des personnes ne rentrent pas dans ces cases. Quel produit une esthéticienne peut-elle conseiller à une femme qui se plaint de tiraillements, présente des zones grasses et souffre d’un relâchement cutané ?… Nous sommes partis du postulat inverse : et si c’était aux soins de s’adapter, et pas aux consommateurs ?

Comme pour nos autres gammes Yumi Feet ou Yumi Lashes, nous voulions créer un vrai effet «avant-après » qui fasse la différence.

En 2020, nous avons donc mis au point des protocoles cabine sur-mesure, en nous appuyant sur un appareil 7 en 1 équipé d’une caméra pour le diagnostic. L’idée ? Pouvoir répondre à chaque problématique de peau en combinant plusieurs technologies : peeling, oxygénation, radiofréquence, ultrasons, marteau froid, dermabrasion et infusion de vitamines. Nous avons également créé notre propre gamme dermo- cosmétique : Yumi Hydraface, qui optimise les résultats obtenus avec l’appareil Hydra Efficience en utilisant des concentrations proches du médical. Et en 2022, nous allons pouvoir appliquer cette logique du soin sur mesure à la maison, en proposant des cosmétiques fabriqués à la demande.

Posséder une crème de beauté unique est un rêve qui date de Cléopâtre… Qu’est-ce qui le rend possible maintenant ?

Fabriquer des cosmétiques à la demande est plus compliqué qu’il n’y parait. Il faut résoudre des problèmes logistiques. Nous avons noué un partenariat avec le laboratoire Boiron, qui fabrique et expédie à l’unité en 48 heures. Nous sommes ainsi capables de fournir une livraison express aux instituts de beauté, tout en les déchargeant de toute responsabilité : les produits sont fabriqués en France, conformément aux normes, et livrés dans des flacons airless protecteurs.

Pour que le produit sur mesure ait un intérêt réel, il faut également que l’esthéticienne dispose d’outils d’aide à la vente performants. Cette révolution est maintenant rendue possible par l’arrivée à maturité de technologies disruptives comme les objets connectés et l’intelligence artificielle – deux procédés réunis dans le miroir connecté de Yumi.

En quoi ces avancées vont-elles créer un effet disruptif sur le marché de la beauté ?

En cabine ou à domicile, l’efficacité d’un soin repose en grande partie sur la pertinence du diagnostic. Or, l’arrivée d’objets intelligents et communicants va révolutionner cette étape. A partir d’un simple selfie, le miroir connecté de Yumi est capable de scanner vingt zones du visage en utilisant sept critères : rides, sensibilité, rugosité, boutons, tâches, brillance, éclat. En quelques secondes, la cliente obtient une analyse de peau, une proposition de soin cabine et une ordonnance beauté personnalisée.

Grâce au diagnostic assisté par ordinateur, la manière dont on vend des soins en institut ou spa se trouve bouleversée, et ce n’est que le début. Ces objets intelligents permettent maintenant aux esthéticiennes d’offrir un service beaucoup plus réactif, en ligne avec les normes actuelles de la société. Aujourd’hui, le client ne veut plus attendre. Lorsque l’ordonnance beauté est acceptée, l’esthéticienne déclenche d’un clic la commande à Yumi, ce qui envoie en retour un mail à la cliente avec la liste des principes actifs. Imaginez le gain de temps et d’efficacité. Et même si la cliente commande plus tard en ligne, l’institut de beauté qui a effectué le diagnostic de peau avec notre miroir connecté est automatiquement reconnu et commissionné.

Cette ultra personnalisation des soins cosmétiques va-t-elle devenir le nouveau nom du luxe ?

Le luxe est associé à la rareté. Or, quoi de plus exclusif qu’une formulation unique dans un produit fraîchement fabriqué pour vous ? La personnalisation est la haute couture du soin. Avec cette nouvelle ligne de Yumi Skin Care, la cliente aura même des pots étiquetés à son nom.

Le luxe, c’est aussi une promesse de résultat et de confort cutané. Mais on aura beau utiliser les ingrédients les plus prestigieux dans une crème haut de gamme, on se heurte toujours à une difficulté : la formule miraculeuse n’existe pas, non seulement parce que chaque peau a une problématique complexe, comme on l’a évoqué, mais aussi parce que celle-ci change au cours du temps. La peau réagit au climat, à l’hygiène de vie, à l’exposition à la pollution, à l’état de santé général, aux perturbations hormonales… En proposant un diagnostic approfondi avant chaque commande, nous permettons aux clientes d’accéder toute l’année au véritable luxe : des ingrédients et des concentrations sur-mesure, qui traitent précisément leurs besoins.

Quels avantages la fabrication cosmétique à la demande présente-t-elle pour les instituts de beauté ?  

D’un point de vue commercial, la personnalisation de soins est un moyen de se différencier avec une offre innovante. De plus, les contenants rechargeables incitent la cliente à la fidélisation.

Il existe aussi un avantage d’un point de vue financier. Une gamme visage complète nécessite des stocks importants et coûte extrêmement cher. La fabrication à la demande permet de changer de modèle : le produit est payé par la cliente finale avant d’être livré. Nous proposons ainsi aux esthéticiennes un fonctionnement « gagnant-gagnant », avec zéro stock de produits dormants à financer et zéro trésorerie à avancer.

Ces technologies sont alléchantes sur le papier… mais sont-elles (vraiment) au point ?

Pour le savoir, notre partenaire ABBI, qui a breveté le miroir connecté, a mené un test récent à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Il a démontré que dans 97 % des cas, le diagnostic de peau fait par un dermatologue et celui fait par l’IA utilisée par Yumi convergent. On comprend dès lors pourquoi l’intelligence artificielle est en passe de révolutionner le marché de la cosmétique et du maquillage.

Les esthéticiennes ont souvent le « syndrome de l’imposteur » quand il s’agit de vendre…  La personnalisation des soins leur permettra-elle de mieux développer leur activité ?

Aujourd’hui, l’institut de beauté est confrontée à des consommatrices qui ne savent plus quoi acheter et doutent de tout. Leur proposer des produits sur-mesure est rassurant. D’autre part, l’argumentaire de l’esthéticienne repose sur des données précises et incontestables, qui échappent aux erreurs d’interprétation. Cette caution scientifique est une aide précieuse à la vente. On constate par exemple que le diagnostic déclenche souvent une prise de conscience chez la cliente – parfois à l’encontre de ses intuitions, de son ressenti. Dès lors, l’écoute est différente. Lors de la prescription d’un produit, l’esthéticienne va naturellement développer plus de confiance en elle, et reprendre le pouvoir face au discours blasé que « tout est équivalent ».

De plus, le sur-mesure s’accompagne de simplification, et donc d’économies, ce qui séduit aussi les clientes. Du moment que vous utilisez des produits adaptés, pas besoin d’accumuler les soins. La routine beauté de Yumi Skin Care ne comprend que trois produits : une crème, un sérum et une brume de soin.

 

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