formation professionnelle

Alors que les mutations s’accélèrent, la formation professionnelle des indépendantes dans le secteur de l’esthétique est plus que jamais nécessaire pour affronter le monde post-covid avec succès. Elle concerne également un nombre important d’emplois dans les centres de formation. Depuis 2019, de nouvelles règles régissent le secteur. Explications.

Le FAFCEA

Pour ce qui concerne la branche esthétique, l’interlocuteur des chefs d’entreprises pour la formation professionnelle est le FAFCEA, qui décide quelles sont les formations éligibles, fixe les taux de remboursement et le nombre d’heures financées, traite les dossiers de demandes de formation, et les finance. Son rôle est donc à la fois décisionnaire, administratif et distributif. Son budget est basé sur la contribution obligatoire des indépendant(e)s à la formation professionnelle.

Les droits des indépendantes à la formation professionnelle

Toutes les esthéticiennes à leur compte ont droit à une prise en charge de leur formation professionnelle, quel que soit leur statut (gérante de société ou auto entrepreneur). Cependant, certaines conditions doivent être réunies pour y prétendre :

  • la formation doit comprendre une durée minimum de 7 heures
  • la formation doit être éligible (certaines ne le sont pas)
  • l’indépendant(e) doit être à jour de ses cotisations à la formation professionnelle
  • le nombre d’heures financées doit respecter un plafond (*)
  • la demande de financement doit être adressée au FAFCEA avec les pièces justificatives avant le début de la formation
  • la formation doit s’effectuer dans un centre de formation (sauf les formations référencées « à distance » et les formations techniques qui peuvent s’effectuer à l’institut)
  • l’organisme de formation doit être enregistré auprès le la Directe et exercer en France
  • dans quelques cas, un passage en commission est requis par le FAFCEA (ex : financement de préparation au concours MOF)

(*) Attention, depuis le 16 mai 2019, vous ne pouvez plus cumuler plus de deux stages par an, toutes catégories confondues.

Pour obtenir une prise en charge, l’esthéticienne doit envoyer au FAFCEA un dossier complet avec différentes pièces justificatives. Certaines ont trait à la stagiaire (preuve d’une inscription au RM ou de cotisations à jour), d’autres concerne le stage (objectifs pédagogiques, programme…) et d’autres encore concernent le centre de formation. La plupart des centres de formation ont l’habitude des formalités administratives et vous aideront à constituer ce dossier. Mieux vaut s’y prendre à l’avance (le dossier peut être présenté 3 mois maximum avant le début de la formation). Vous saurez ainsi, avant de suivre la formation, si la prise en charge est validée.

Les formations financées par le FAFCEA

Le FAFCEA finance plusieurs types de formations :

  • stages techniques liés à la pratique de l’esthétique professionnelle (épilation, soin, dermo, maquillage etc)
  • stages spécifiques à la gestion des instituts
  • préparation à la VAE
  • préparation au concours MOF (Meilleur Ouvrier de France)
  • stages non spécifiques à la branche esthétique (management, langues, internet, bureautique, stage à l’installation, permis de conduire etc.)

La liste des formations techniques prises en charge est définie par le FAFCEA en commission. Elle est susceptible de varier chaque année. Voici la liste des formations qui ne sont actuellement pas prises en charge :

  • blanchiment / ornement dentaire
  • mascara semi permanent
  • rehaussement de cils
  • formation diététique / nutrition
  • modelage enfants/femmes enceintes

Qu’en est-il des stages à caractère obligatoire pour proposer certaines prestations ? Le stage hygiène et sécurité pour le maquillage permanent comme le stage UV sont pris en charge. Notons au passage que depuis le 11 avril 2019, le stage de préparation à l’installation (SPI) a été rendu facultatif par la loi PACTE.

Le nombre d’heures financées

Le nombre d’heures financées par le FAFCEA est fixé pour toute la branche esthétique et ne dépend pas du montant de la cotisation versée par l’indépendant(e). Ces plafonds sont les suivants :

  • 50 heures maximum par an pour les stages techniques (*)
  • 24 heures maximum par an pour les stages de gestion spécifiques à l’institut
  • 20 heures maximum par an pour les stages non spécifiques à la branche esthétique
  • 24 heures maximum par an an pour la préparation à la VAE
  • 14 heures maximum par an pour la formation aux outils numériques et réseaux sociaux spécifiques aux métiers de la beauté (stages tout public non pris en charge)

(*) dont : 16 heures maximum pour le modelage, 35 heures maximum pour la dermopigmentation, et 32 heures maximum pour relooking, extensions de cils et sourcils, prothésie ongulaire, manucure, maquillage, hygiène et sécurité (maquillage permanent).

Avant d’effectuer une demande de prise en charge, vous devez donc vérifier que vous n’avez pas atteint l’un des plafonds mentionnés ci-dessus. D’autre part, vous ne pouvez pas cumuler plus de deux stages par an, toutes catégories confondues, quel que soit le nombre d’heures total effectué.

Exemple

Si vous faites un stage de maquillage permanent de 28 heures, il vous reste un seul autre stage possible. Si vous voulez demander un financement pour un second stage technique, votre crédit restant est de 22 heures (50-28), mais si vous voulez apprendre le modelage Balinais, votre formation ne pourra pas excéder 16 heures. En revanche, vous pourrez faire un stage de vente spécifique à l’institut de beauté de 24 heures.

Les modalités de prise en charge

Toutes les formations ne sont pas financées à la même hauteur. Généralement, l’aide allouée par le FAFCEA est calculée suivant le nombre d’heures de stage effectuées. Certaines formations spécifiques sont néanmoins financées sur la base d’une somme forfaitaire. C’est le cas de la formation à distance et de la préparation au concours MOF, à un diplôme ou à une certification inscrite au RNCP.

Pour les stages techniques, les stages professionnels et les stages transversaux, le FAFCEA fixe un taux horaire. Ce taux est actuellement de :

  • 25 euros pour les stages techniques
  • 15 euros pour les stages non techniques mais à caractère professionnel (VAE, gestion d’un institut…)
  • 17 euros pour les stages transversaux, non spécifiques à la branche esthétique

Le calcul du s’effectue ainsi : nombre d’heures du stage x taux horaire

Le paiement du FAFCEA s’effectue toujours après le stage, lorsque le FAFCEA a reçu l’attestation obligatoire de présence établie par le centre de formation. Aussi, l’esthéticienne doit théoriquement faire l’avance des frais de formation. La plupart des organismes acceptent cependant d’encaisser votre chèque en différé.

Vers un système de financement moins généreux ?

Le FAFCEA est une association. Ses fonds proviennent des cotisations versées chaque année par les artisans. Traditionnellement, cette cotisation à la formation professionnelle était appelée par les services fiscaux. Le transfert de cette mission de collecte à l’URSSAF, en 2018, s’est traduit par un fiasco : environ 170 000 entreprises n’ont pas réglé leurs cotisations, si bien que le FAFCEA a vu ses ressources fondre de moitié. Pour les esthéticiennes à leur compte, la sanction n’a pas tardé : accusant un déficit de 32 millions d’euros, le FAFCEA a tout simplement cessé de financer toute formation à compter du 15 mars 2019. Après deux mois d’interruption, soumis à la pression conjuguée de toutes les branches de l’artisanat, le gouvernement vient toutefois d’allouer 30 millions d’euros en urgence pour trouver une solution temporaire jusqu’en 2020. Le financement de la formation professionnelle par le FAFCEA a donc repris. Cependant, les règles se sont durcies depuis le 16 mai 2019.

D’une part, le FAFCEA a décidé de ne plus financer les frais annexes de formation et de baisser significativement les taux de prise en charge (25 € au lieu de 30 € pour les formations techniques, 15 € au lieu de 28 € pour les autres stages à caractère professionnel…).

D’autre part, trois nouvelles contraintes pour les chefs d’entreprise sont apparues :

  • Obligation d’être à jour du paiement de la cotisation à la formation professionnelle
  • Ancienneté minimum de 3 ans au RM requise pour tout dossier concernant une formation certifiante ou diplômante de niveau V
  • Restriction à deux stages par an, toutes catégories de formations confondues

Quelle(s) formation(s) privilégier ?

La demande en institut de beauté évolue continuellement au gré des tendances et des nouvelles techniques qui apparaissent. De ce point de vue, le secteur de la beauté peut se comparer à l’industrie de la mode : tout va très vite sur un marché hautement concurrentiel. Conséquence logique, les professionnelles de l’esthétique sont soumises à une pression constante pour renouveler leurs services afin de rester compétitives. S’y ajoute un bouleversement structurel qui traverse toutes les entreprises à caractère commercial dont font partie les instituts de beauté. Est-il encore possible de réussir en ignorant techniques de vente, marketing digital et merchandising  du point de vente ? Les professionnelles à leur compte qui ne veulent pas simplement « vivoter » (quand ce n’est pas disparaitre) doivent désormais maîtriser un bagage de compétences qui dépasse largement leur savoir-faire d’artisan. Pour faire face à cette obligation de montée en compétences sans précédent, jamais le besoin en formation continue n’a été aussi pressant dans le secteur de l’esthétique.

Pour autant, la plupart des esthéticiennes concentrent plutôt leurs efforts sur les stages à caractère technique. Manque d’information ? De motivation ? Plusieurs raisons expliquent en fait cette préférence. Tout d’abord, l’envie (louable) de se perfectionner sans cesse dans leur métier, liée à la passion commune qui anime généralement les professionnelles de l’esthétique. Ensuite, la croyance bien ancrée que la dernière prestation arrivée sur le marché leur permettra de faire la différence auprès de la clientèle. Enfin, il ne faut pas négliger la force des habitudes (se former à la communication n’est pas encore tout à fait entré dans les mœurs), et, souvent, une certaine aversion pour tout ce qui concerne la vente, l’informatique ou la gestion… Malheureusement, les 40 % d’instituts qui ferment dans leurs premières années de vie témoignent plutôt d’erreurs fatidiques de gestion ou de marketing que d’une pratique du modelage qui n’est pas à la hauteur.

Finalement, si on considère que la formation continue doit aider toute professionnelle à combler ses lacunes pour être plus performante, c’est la perception même du métier qui doit changer. Si de nombreuses esthéticiennes à leur compte se plaignent de peiner à gagner leur vie ou mettent la clé sous la porte faute d’avoir trouvé une clientèle, c’est bien souvent qu’elles se représentent davantage en technicienne du soin et de la beauté qu’en chef d’entreprise. De plus, la percée des franchises et de la parfumerie sélective sur le marché des prestations de beauté a bouleversé les codes de la concurrence. Désormais, l’esthéticienne indépendante doit faire face à des groupes structurés qui maitrisent parfaitement les clés de la rentabilité, la mise en valeur de l’offre, la communication et la vente. Seule une formation continue dans ces domaines peut lui permettre de lutter à armes égales.

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